Claudio Bolzman reçoit un prix Leenaards pour un projet sur les migrants âgés
Une recherche sur la qualité de vie des seniors issus de l’immigration africaine et latino américaine pourra ainsi être menée en 2013, sujet encore peu étudié en Suisse et qui correspond à une préoccupation politique croissante.
La Fondation Leenaards remettra le 2 octobre 2012 plusieurs prix pour financer des projets de recherche sur la qualité de vie des personnes âgée. L’un d’entre eux concerne une étude liée au Pôle de recherche national LIVES.
Dans ce projet, le Prof. Claudio Bolzman, enseignant à la Haute école de travail social de Genève et chef de l’IP2 du PRN LIVES, s’intéresse aux personnes âgées issues de l'immigration africaine et latino américaine. Alors que ces immigrés sont plus connus pour faire partie de ceux qui apportent des soins aux personnes âgées et dépendantes, le Prof. Bolzman entend les considérer sous un angle nouveau, celui de receveurs potentiels de soins au 3e et 4e âge.
Sa recherche, menée en collaboration avec un adjoint scientifique, le Dr. Théogène-Octave Gakuba, commencera le 1er janvier 2013 et aura une durée de 12 mois. Trente immigrés âgés - quinze Latino-Américains et quinze Africains résidant dans les cantons de Genève et Vaud - seront interrogés lors d’entretiens approfondis. Cette étude qualitative sera complétée par des entretiens semi-directifs avec des professionnels d’institutions socio-gériatriques et des dirigeants d’associations d’immigrés.
«Les participants seront recrutés principalement par le biais des associations latino-américaines et africaines, mais aussi par des contacts interpersonnels et des appels dans les média "ethniques", afin de diversifier au maximum les profils des personnes interrogées», explique le Prof. Bolzman.
Perceptions et ressources
La problématique sera étudiée dans une perspective interdisciplinaire (sociologie, psychologie, santé), en s’intéressant aux conditions de vie de ces migrants âgés, à leur perception subjective concernant leur état de santé physique et mentale, et aux ressources personnelles et sociales dont ils disposent pour faire face aux problèmes de santé liés au vieillissement. Les chercheurs regarderont dans quelle mesure les immigrés utilisent les services de santé, sociaux et gériatriques à disposition, et si ceux-ci sont adaptés à leurs attentes et à leurs besoins.
Les chercheurs s’intéresseront également à la question des relations interpersonnelles de ces seniors avec leurs proches, les membres de leur communauté d’origine et ceux de la société d’accueil, quelles sont leurs stratégies pour créer du lien social et comment ils s’impliquent dans les activités quotidiennes et associatives. Enfin le thème du rapport au pays d’origine et à la Suisse sera traité, notamment en rapport avec un éventuel retour au pays d’origine comme lieu de retraite ou d’enterrement.
Mieux intégrer
Selon le prof. Bolzman, «cette recherche répond à un besoin de recueil d’informations et de production de connaissances sur un sujet qui n’a pas été étudié en Suisse et sur lequel la littérature est quasi inexistante. Elle rentre aussi dans les préoccupations des autorités fédérales et cantonales d’intégrer les populations étrangères résidentes en Suisse et d’améliorer la qualité de vie des personnes âgées.»
Des recommandations tenant compte des constats et des souhaits exprimés par les personnes immigrées et les professionnels interrogés découleront de ce projet. Des pistes de recherche à explorer ultérieurement seront vraisemblablement aussi identifiées. Cette recherche constitue également une opportunité de compléter par des études qualitatives, et sur des populations faiblement représentées du point de vue statistique, l'enquête quantitative dirigée par le prof. Michel Oris dans le cadre de l'IP13.