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LIVES investit 700'000 francs dans trois projets de recherche sur la santé et le vieillissement

Lancé en janvier dernier, l'appel à propositions de projet de recherche sur le parcours de vie et la vulnérabilité a donné lieu à 42 propositions et à la sélection de trois projets innovants et prometteurs. Au cœur de ces projets figurent les thèmes de la santé et du vieillissement. Deux d'entre eux recourront aux données du Panel suisse de ménages. Une équipe, venue de Suisse alémanique, est nouvelle au sein de LIVES, tandis que les deux autres projets sont menés par des membres établis de notre pôle de recherche.

Cette année, le Pôle de recherche national LIVES a invité des chercheurs travaillant dans des universités suisses ou des instituts de recherche à solliciter le financement de projets d'un montant de 200’000 à 300’000 francs suisses pour une durée de 3 ans. Les projets interdisciplinaires ainsi que ceux faisant appel à des données longitudinales étaient particulièrement les bienvenus.

Sur 42 propositions, trois projets ont été approuvés. Le processus de sélection a été mené par le Conseil consultatif de LIVES, groupe indépendant de chercheurs internationaux chargé de classer les projets proposés en fonction de leur qualité, de leur degré d'innovation et de leur faisabilité.

Les trois projets retenus débuteront en septembre et bénéficieront d'une enveloppe globale de 700’000 CHF. Dans une perspective longitudinale, ils tenteront de répondre à des questions passionnantes sur le vieillissement et la santé. Les chefs de projet seront assistés par de jeunes chercheurs. Chaque projet se concentrera sur l'une des cross-cutting issues (questions transversales) du programme et examinera les effets du stress et des ressources sur les différentes sphères de la vie, au fil du temps et à différents niveaux d'analyse (interactions sociales et contexte normatif).

Résilience après la survenance d'une maladie chronique

Dr. Claudio Peter, chercheur principal à la Recherche suisse pour paraplégiques à Nottwil et au Department of Health Sciences and Health Policy de l'Université de Lucerne, mènera un projet sur la résilience et la vulnérabilité après la survenance d'une maladie chronique. Avec Dr. Gisela Michel, professeure associée dans le même service et directrice adjointe du Registre suisse du cancer de l'enfant, et Dr. Nicole Bachmann, chercheuse collaboratrice à la Haute école spécialisée du Nord Ouest de la Suisse, ils engageront un doctorant et un postdoc à temps partiel.

A l'aide des données du Panel suisse de ménages (PSM), ils ont l'intention d'étudier le bien-être et la santé mentale dans les cinq ans suivant la survenance d'une maladie chronique (attaque, sclérose en plaque, lésion de la moelle épinière, arthrite rhumatoïde, etc.) et de comparer les résultats obtenus aux niveaux d'avant l'événement afin de déterminer les facteurs – ressources physiques, sociales et psychologiques – qui influent sur ces processus. L'équipe pose l'hypothèse que «la compréhension du processus d'adaptation à une maladie chronique est une des clés pour l'élaboration d'interventions ciblées destinées à renforcer la résilience de la personne».

Effets des événements de la vie sur le parcours de santé à un âge avancé

A partir des données du PSM et de celles du projet SHARE (Survey of Health, Ageing and Retirement in Europe), le deuxième projet a pour mission d'étudier l'influence des événements de la vie sur la santé à un âge avancé. Son équipe est composée de Dr. Stéphane Cullati, Prof. Claudine Burton-Jeangros, Dr. Delphine Courvoisier, Prof. Matthias Kliegel, Dr. Rainer Gabriel, de l'Université de Genève, actifs dans les projets LIVES IP208 et IP213, ainsi que du Prof. David Blane, du International Centre for Life Course Studies in Society and Health à l’University College de Londres, et du Dr. Idris Guessous, de l'Unité d'épidémiologie populationnelle des Hôpitaux universitaires de Genève. Un chercheur postdoctoral ainsi qu'un chercheur en médecine et un statisticien viendront étoffer cette équipe interdisciplinaire d'épidémiologistes et de gérontologistes.

Leurs axes de recherche portent sur l'influence des conditions socioéconomiques de l'enfance et des événements non normatifs tels que la séparation des parents ou la perte de leur emploi sur les parcours de santé à un âge avancé. Ils s'attachent également à étudier l'impact à long terme des trajectoires familiales et professionnelles pendant la vie active sur le parcours de santé à la retraite. Ils testeront l'hypothèse du cumul des avantages et handicaps ainsi que l'effet protecteur de la mobilité sociale.

Sujets très âgés et leurs enfants âgés

Le troisième projet s'attache aux relations entre les personnes très âgées et leurs enfants d'âge mur. En comparant deux groupes de dyades parent-enfant, l'un composé de parents de plus de 95 ans et d'enfants de plus de 65 ans, et l'autre de parents entre 70 et 85 ans et d'enfants entre 40 et 60 ans, les chercheurs font l’hypothèse que le «groupe plus âgé est confronté à des difficultés uniques en raison de la relation prolongée, des besoins de prise en charge et de la plus grande vulnérabilité liée à l'âge et aux ressources limitées des dyades, ce qui les fragilise davantage.» Pour ce projet, des données quantitatives et qualitatives seront recueillies. La fondation Leenaards a déjà financé la première partie exploratoire de cette étude.

La Prof. Daniela Jopp, psychologue et membre de l’équipe IP212 du PRN LIVES à l'Université de Lausanne, mène le projet en collaboration avec la Prof. Kathrin Boerner de l'Université du Massachusetts Boston et le Prof. Heining Cham de l'Université de Fordham. Dr. Claudia Meystre, chercheuse postdoctorale à l'Université de Lausanne, leur apportera son aide, et trois assistantes-étudiantes se chargeront d'interroger les sondés. Cette étude, qui fait appel à plusieurs méthodes, examinera notamment les facteurs contextuels et les valeurs culturelles telles que le «familisme», c'est-à-dire les forts sentiments normatifs d'allégeance à la famille. Par cette étude, les chercheurs espèrent identifier les besoins de nouvelles politiques de santé pour s'adapter à une population en forte croissance.