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Récolte de données sur le parcours de vie des ménages à revenu modeste

Le Département vaudois de la santé et de l’action sociale a mandaté le Pôle de recherche national LIVES et le Centre de compétences suisse en sciences sociales FORS pour mieux comprendre les trajectoires de précarité dans le canton et en tenir compte dans les futures réformes des politiques sociales. Entre janvier et avril 2014, plus de 800 foyers de résidents vaudois auront été intégrés à l’enquête longitudinale du Panel suisse de ménages.

« Les populations difficiles à atteindre sont celles qui nous intéressent le plus ! » Le Prof. Felix Bühlmann a des motifs de se réjouir de la convention signée en novembre 2013 entre le Pôle de recherche national LIVES, le Centre de compétences suisse en sciences sociales FORS et le Département de la santé et de l’action sociale (DSAS) : grâce à cet accord, environ 800 familles résidant dans le canton de Vaud ont pu être sélectionnées pour compléter l’échantillon du Panel suisse de ménages. Les personnes à bas revenu y sont volontairement surreprésentées. La collecte de données prendra fin en avril.

Un quart d’habitants aux revenus modestes

Dans la région lémanique, on estime à 16,4% la proportion de personnes vivant sous le seuil de risque de pauvreté (établi à 60% du revenu médian), qu’elles appartiennent à la catégorie des « working poors » ou des bénéficiaires de l’aide sociale. Mais au-delà, un quart des résidents vaudois reçoivent un subside pour payer leur assurance maladie et peuvent à ce titre être considérés comme à revenu modeste. « Le but est d’obtenir une vision systématique et synthétique des trajectoires de vulnérabilité pour renforcer le dispositif de soutien. Cet objectif est en phase avec le programme de législature 2012-2017, qui entend mettre l’accent sur la prévention », explique Judith Kühr, chargée de recherche au DSAS et responsable de la coordination entre l’administration et le PRN LIVES pour ce projet.

C’est le deuxième sur-échantillonnage auquel contribue LIVES dans le cadre du Panel suisse de ménages, conduit par le Centre de compétences suisse en sciences sociales FORS. L’autre expérience s’intéresse aux jeunes de 15 à 24 ans qui ont été scolarisés en Suisse, dont deux tiers de migrants de la 2e génération. Dans les deux cas, il s’agit de populations généralement peu représentées dans les grandes enquêtes.

En plus du questionnaire concernant le foyer dans son ensemble, qui est administré par téléphone ou en face-à-face, chaque individu composant la famille est invité à remplir ensuite un « calendrier de vie ». Cet outil permet de retracer son parcours dans différents domaines, dont le travail et la santé. La partie réservée aux relations avec les institutions a été légèrement adaptée dans le cas du sur-échantillonnage vaudois, afin d’avoir une vision plus fine des liens entre les répondants et chaque prestataire d’aide : services sociaux, chômage, assurance invalidité.

Suivi dans la durée

Le Panel suisse de ménages (PSM) vise à réinterroger les mêmes personnes chaque année pour pouvoir suivre leur évolution. Un premier échantillon court depuis 1999 et un deuxième depuis 2004. Le troisième échantillon du PSM, constitué depuis 2013 avec les apports de LIVES, permet d’apporter une perspective plus « parcours de vie » et de focaliser davantage sur la question de la vulnérabilité. Plusieurs des 14 projets LIVES ont ajouté des questions et attendent les données collectées par l’institut de sondage MIS Trend pour pouvoir mener leurs analyses.

Le canton de Vaud devrait recevoir un premier rapport début 2015, puis après chaque vague d’enquête. Cette collaboration entre une administration publique et des centres de recherches académiques est positive : « Nous avons défini les objectifs ensemble et avons trouvé des compromis pour nous adapter à une autre logique, une autre temporalité », affirme le Prof. Felix Bühlmann. Et du point de vue méthodologique, le sur-échantillonnage constitue un défi, car il nécessite de pondérer certaines observations. Cette expérience ne fera donc pas que renseigner les autorités, mais également avancer la science.