Aux Mystères de l’UNIL, le LAbyrinthe du brAssAge MAnga servira de laboratoire au « vivre ensemble »

Aux Mystères de l’UNIL, le LAbyrinthe du brAssAge MAnga servira de laboratoire au « vivre ensemble »

L’édition 2018 des portes ouvertes de l’Université de Lausanne aura lieu du 31 mai au 3 juin sur le campus. Le Pôle de recherche national LIVES proposera aux visiteurs – jeunes et moins jeunes – de réfléchir à la notion d’intersectionnalité à l’aide d’un jeu de cartes mélangeant âges, genres et statuts socio-professionnels.

Dans une formule à la fois éprouvée et à chaque fois renouvelée, les Mystères de l’UNIL accueilleront des classes vaudoises d’élèves de 9 à 13 ans les jeudis 31 mai et vendredi 1er juin, ainsi que familles et visiteurs lambdas les samedis 2 et dimanche 3 juin 2018.

Comme d’habitude, le Pôle de recherche national LIVES a répondu présent à l’appel d’imaginer un atelier, cette année sur le thème « Vivre ensemble ».  Pour nous trouver, il faudra se rendre au stand No 11, intitulé Le LAbyrinthe du brAssAge mAngA.

Là, un peu à la manière d’Alice au pays des merveilles, les visiteurs seront appelés à jouer aux cartes dans un dédale un peu fou, prétexte pour aborder le concept d’intersectionnalité, qui permet de voir comment des individus appartenant à différents types de catégories sociales font face à un cumul de discriminations.

Par exemple: en moyenne, les femmes sont moins payées que les hommes pour le même travail; les personnes jeunes et les personnes âgées ont plus de peine à trouver un emploi, de même que les étrangers et les personnes peu qualifiées. Les gens qui réunissent toutes ces caractéristiques rencontrent donc plus de difficultés sur le marché du travail et dans la vie en général.

Spécialisés dans l’étude de la vulnérabilité dans les parcours de vie, les chercheurs et chercheuses du PRN LIVES sont convaincus qu’une société est plus forte si elle intègre toutes ses composantes, en faisant une place à chacun·e et en donnant les mêmes chances à toutes et tous.

Les joueurs seront donc appelés à former le jeu de carte le plus équilibré et représentatif possible de toutes les différences pour chercher ensemble la sortie du labyrinthe. En faisant ces alliances, ils collecteront les ressources produites par les diverses activités professionnelles des personnages, issus au départ de trois familles distinctes de professions : les facilitateurs (en rouge), les créateurs (en jaune) et les administrateurs (en bleu).

Les Mystères de l’UNIL seront également l'occasion de présenter au grand public comment le PRN LIVES collecte ses données à l’aide de « calendriers de vie », un outil permettant de retracer et visualiser l’ensemble d’une biographie. En faisant ressortir les liens entre les grands domaines de la vie que sont la résidence, les relations affectives, les activités et la santé, ainsi que l’accumulation au fil du temps des avantages et désavantages, c’est aussi une manière de comprendre l’importance de l’intersectionnalité dans les parcours de vie.

>> Poster de l'atelier No 11

>> Programme complet des Mystères de l'UNIL

>> Site web du dessinateur du jeu de cartes: Julien Cordebar

iStock © kemalbas

Quelle est l’influence du réseau social sur les aspirations professionnelles des jeunes ?

Une équipe LIVES sous la responsabilité du Prof. Eric Widmer a remporté le concours pour mener l’enquête ch-x de la Confédération suisse en 2020-21. Les premiers tests du questionnaire informatisé auront lieu dès juin 2018. Les chercheur·e·s visent à établir une cartographie à l’échelle nationale du capital social des jeunes nés au tout début du millénaire, en lien avec leur santé psychique et leurs projets d’avenir.

Tous les deux ans, une nouvelle équipe de scientifiques est nommée pour mener un sondage auprès de tous les jeunes Suisses appelés pour la conscription de l’armée à l’âge de 19 ans. Le questionnaire est également soumis à 3000 jeunes femmes et ressortissants étrangers du même âge répartis sur tout le territoire, ce qui permet d’obtenir un portrait extrêmement complet d’une même cohorte. Chacune de ces enquêtes ch-x porte sur une thématique différente et est attribuée à l’issue d’une procédure ouverte de sélection.

Pour l'enquête 2020-21, c'est un projet déposé par Eric Widmer, professeur de sociologie à l’Université de Genève et co-directeur du Pôle de recherche national LIVES, en collaboration avec Ivan de Carlo, Eva Nada, Marlène Sapin et Gil Viry, qui a gagné le concours. Avec l’aide d’Eva Nada et Myriam Girardin, engagées pour la mise sur pied du projet, les liens entre le capital social des enquêtés et leurs choix de formation et de profession seront scrutés. La partie qualitative de l'étude sera menée à la Haute école de travail social de Genève.

Où se voient les jeunes dans dix ans ? Et quel est le poids de leur réseau personnel sur ces aspirations ? Entre juin et septembre 2018 le questionnaire destiné à recueillir les données nécessaires au projet sera testé sur tablettes numériques auprès d’une centaine de conscrits. L’ensemble de l’enquête devra ensuite être validé par le Comité scientifique et les membres de la Commission ch-x.

Quand la collecte réelle de données aura lieu en 2020-21 sur l’ensemble des sondés, les chercheurs disposeront d’un matériau unique pour constituer une cartographie des réseaux sociaux des jeunes en Suisse intégrant le genre, l’origine sociale et la situation géographique.

Réseaux en forme de chaîne ou de pont

La recherche s’intéresse en particulier à comparer l’effet des réseaux de type "chaîne", c’est-à-dire constitués de personnes fortement reliées entre elles, avec des réseaux de type "pont", où l’individu est entouré de personnes qui n’ont que peu ou pas d’interactions entre elles. Un réseau combinant des aspects "chaîne" et "pont" correspond généralement à un capital social plus élevé, alliant la solidarité du groupe que génère le type "chaîne" à la diversité de contacts et l’autonomie que procure le type "pont".

Une première question est alors de savoir quels facteurs sociaux sont associés à ce capital social. « La taille de l’échantillon ch-x permet, souligne Eric Widmer, d’évaluer précisément comment le milieu social d’origine, la structure familiale mais aussi le lieu de résidence et la mobilité géographique génèrent des insertions relationnelles très spécifiques pour les jeunes adultes, génératrices de ressources différentes. »

Les participants seront interrogés sur les personnes - quinze au maximum - qui ont joué un rôle important dans leur vie au cours des douze mois précédents, que ce soit au sein de la famille, parmi les amis, le milieu scolaire ou professionnel ou dans les clubs, groupements ou associations dont ils font partie. Il sera précisé que ce rôle peut être positif, quand il s’agit de soutien, de conseils et d’encouragements, mais également négatif, quand ces personnes les découragent, les empêchent d’agir ou les énervent.

Ambivalence et conflit

Le réseau peut effectivement être source de conflit, explique Eric Widmer :
« Nous faisons l’hypothèse que les personnes marquées par une forte ambivalence à l’égard de leurs proches auront des aspirations professionnelles moins ambitieuses à cause du stress que cela génère, et qui a un effet direct sur la santé psychique. Mais la causalité peut être aussi inverse, et des aspirations faibles pourraient donner lieu à des conflits avec l’entourage. »

Une batterie de questions validées par des recherches antérieures portera sur la santé psychique, afin de pouvoir analyser statistiquement les relations entre réseaux, état mental et aspirations professionnelles. Le lien entre capital social, santé psychique et parcours de formation et d’insertion n’a pas encore donné lieu à des études approfondies en Suisse, souligne l’équipe.

dreamstime © nenitorx

Jeunes adultes en Suisse : la formation tertiaire en vaut la peine

Que sont devenus quinze ans plus tard les jeunes qui ont quitté l’école obligatoire en l’an 2000 ? Une étude de Thomas Meyer publiée dans la revue Social Change in Switzerland montre qu’à l’âge de 30 ans, la grande majorité est en emploi et gagne près de 6000 francs par mois. Cet article met en lumière l’effet protecteur des diplômes des hautes écoles, mais également la persistance des inégalités homme-femme.

Sur la base de l’enquête longitudinale suisse TREE (Transitions de l’École à l’Emploi), Thomas Meyer montre que les transitions entre formation et emploi se sont allongées depuis le début du 21e siècle. Ces transitions sont marquées, pour de nombreux jeunes en Suisse, par d’importantes discontinuités, réorientations et années intermédiaires.

Près de la moitié de la cohorte examinée a quitté le système de formation avec un certificat de capacité fédéral (en règle générale un apprentissage) ; 40% ont obtenu un diplôme du degré tertiaire (université, haute école ou formation professionnelle supérieure) – soit deux fois plus que la génération précédente ; et 10% sont restés sans diplôme de formation post-obligatoire.

La situation sur le marché du travail à l’âge de 30 ans est majoritairement favorable : le taux d’activité professionnelle est élevé, le chômage est bas, et le revenu médian s’établit à près de 6000 francs par mois.  Si les diplômé·e·s d’une formation professionnelle initiale (apprentissage) sont beaucoup moins touché·e·s par l’emploi précaire que les jeunes adultes sans formation post-obligatoire, les deux groupes ne se distinguent pas de manière significative au niveau du chômage et du salaire moyen.

Par contre, les personnes diplômées d’une haute école ou ayant achevé une formation professionnelle supérieure gagnent, en moyenne, 1000 francs de plus que les personnes sans formation tertiaire. Si le marché du travail suisse intègre certes bien, voire très bien, les jeunes adultes à tous les niveaux de qualification, la demande de main-d’œuvre est particulièrement importante – et les salaires sont donc plus élevés – pour les jeunes avec une formation tertiaire.

Thomas Meyer montre enfin à quel point le sexe, en combinaison avec la situation familiale, continue d’influencer la situation professionnelle des trentenaires. Alors que presque tous les jeunes pères travaillent à temps plein, une jeune mère sur cinq quitte le monde du travail, trois mères sur quatre travaillent à temps partiel et les différences de salaire entre les sexes s’élèvent à 800 francs par mois.

>> Thomas Meyer (2018). De l’école à l’âge adulte : parcours de formation et d’emploi en Suisse. Social Change in Switzerland No 13. Retrieved from www.socialchangeswitzerland.ch

Contact : Thomas Meyer, +41 31 631 38 23, thomas.meyer@soz.unibe.ch

La série Social Change in Switzerland documente, en continu, l’évolution de la structure sociale en Suisse. Elle est éditée conjointement par le Centre de compétences suisse en sciences sociales FORS, le Centre de recherche sur les parcours de vie et les inégalités (Faculté des sciences sociales et politiques, Université de Lausanne) LINES et le Pôle de recherche national LIVES – Surmonter la vulnérabilité: perspective du parcours de vie (PRN LIVES). Le but est de retracer le changement de l’emploi, de la famille, des revenus, de la mobilité, du vote ou du genre en Suisse. Basées sur la recherche empirique de pointe, elles s’adressent à un public plus large que les seuls spécialistes.