Le PRN LIVES enferme des enfants dans une forteresse dont ils devront s'échapper

Le PRN LIVES enferme des enfants dans une forteresse dont ils devront s'échapper

Sur le thème de la mémoire, la douzième édition des portes ouvertes de l'Université de Lausanne aura lieu du 18 au 21 mai 2017. Le Pôle de recherche national LIVES a préparé l'atelier No 17 sous la forme d'un «escape game» où les participant·e·s devront reconstituer des parcours migratoires pour réussir à sortir de la salle. Une grande enquête sur la mémoire historique à court terme, dirigée par deux doctorant·e·s, sera également menée auprès du public. Enfin le directeur de LIVES, Dario Spini, donnera un cours par vidéo, inspiré de la thèse de Nora Dasoki qu'il a supervisée.

Un tremblement de terre a eu lieu au centre d’enregistrement des requérants d’asile. Tous les adultes ont été hospitalisés. Trois enfants en bas âge sont cependant retrouvés sains et saufs. Qui sont leurs parents? D'où viennent-ils? Pourquoi ont-ils fui leur pays? Par où ont-ils transité? Le bureau des procédures est sens dessus dessous, mais certains indices permettent d'y voir plus clair: autant de documents d'un passé pas si lointain provenant de pays dont les gens ont été chassés.

Sur le mode de l'«escape game», l'animation SOS Forteresse, proposée cette année par le Pôle de recherche national LIVES aux Mystères de l'UNIL, est évidemment basée sur l'approche des parcours de vie. Les visiteurs seront enfermés dans une pièce et devront reconstituer la trajectoire de familles migrantes pour trouver les codes qui leur permettront d'en sortir. Pour réussir, ils devront faire preuve d’observation, de logique, d’un peu de culture et de beaucoup de collaboration. Rendez-vous dans la salle 3021 du bâtiment Anthropole, arrêt du métro M1 UNIL-Dorigny.

Grande enquête sur la mémoire

La douzième édition des Mystères de l'UNIL sera également l'occasion de réaliser une expérience auprès du public.

Si vous pensez aux grands événements et changements qui se sont passés en Suisse et dans le monde au cours de votre vie, quels sont ceux qui vous ont le plus frappé ?

Du jeudi au dimanche, une dizaine d'étudiant·e·s en sciences sociales passeront auprès du public pour poser cette question aux participant·e·s de tous âges. Les réponses seront utilisées pour une recherche sur la mémoire historique collective, et les premiers résultats seront communiqués à la fin des Mystères. Le but est d’observer les différences entre générations. Ce sera la première fois qu’une telle enquête inclura des personnes encore mineures, nées au tournant du 21e siècle. Car le public-cible des Mystères, notamment pendant les deux jours réservés aux écoles, est composé de jeunes de 9 à 13 ans. Cette enquête est coordonnée par Léïla Eisner et Sergeï Rouzinov, doctorant·e·s LIVES, et fait suite à une recherche de Stefano Cavalli, ancien membre du Pôle.

Cours UNIL en herbe

Le PRN LIVES sera également représenté dans le projet UNIL en herbe, où les enfants pourront suivre un mini-cours en direct ou par vidéo, donné par un·e vrai·e professeur·e. Dario Spini y parlera de la mémoire autobiographique des moments de bonheur et de vulnérabilité au cours de la vie. Il résumera ainsi les résultats obtenus par Nora Dasoki dans son travail de thèse. Cela se passera dans la salle 2064 du bâtiment Anthropole.

>> Vidéos "UNIL en herbe"

>> Programme complet des Mystères

>> Autres ateliers de la Faculté des sciences sociales et politiques

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L’investissement social en Suisse : trop « light » pour les uns, « doxa » économiciste pour les autres

Dans un livre paru en avril 2017 aux éditions Seismo, Jean-Michel Bonvin et Stephan Dahmen questionnent le paradigme de l’investissement social et son adaptabilité au contexte suisse. Gøsta Esping-Andersen, un des plus éminents spécialistes de cette approche, y défend la stratégie issue des pays scandinaves. Puis d’autres auteurs, dont Giuliano Bonoli et Jean-Pierre Tabin, exposent de manière contrastée leur vision respective de ce modèle, ainsi que son impact local. Les apports complémentaires des uns et des autres débouchent sur un appel à mieux équilibrer efficience et équité.

Visant à réformer l’Etat-providence en misant sur une meilleure rentabilité des politiques publiques, l’investissement social a pour but déclaré de développer le capital humain en amont de sorte à réduire les dépenses sociales et augmenter les recettes fiscales en aval. Depuis une vingtaine d’années, cette approche est défendue par de nombreux acteurs politiques et académiques sur fond de révolutions démographique et technologique : dans un contexte de baisse de la natalité, de vieillissement de la population, de hausse du chômage et de creusement des inégalités, l’investissement social apparaît à certains comme la meilleure voie pour répondre aux défis en cours.

Exemple le plus souvent cité, la mise en place de structures d’accueil pour les enfants d’âge préscolaire entraînerait ainsi plusieurs bénéfices : une meilleure intégration pour les enfants des milieux défavorisés d’une part, menant à moins de problèmes scolaires par la suite et une meilleure employabilité sur le long terme ; une émancipation des femmes d’autre part, qui se voyant ainsi soulagées d’une partie de leurs responsabilités familiales seraient encouragées à rejoindre le marché du travail, et donc les rangs des contribuables.

En Suisse, la question de l’investissement social n’a pas pris l’importance qu’elle a acquise ailleurs, que ce soit dans les recommandations de l’Union européenne ou dans les politiques publiques effectives des pays nordiques. Le livre dirigé par Jean-Michel Bonvin et Stephan Dahmen apporte donc une contribution essentielle au débat national, poursuivant une réflexion née en 2010 lors d’une conférence à Berne de l’Association suisse de politique sociale. Signe distinctif de son caractère helvétique, l’ouvrage propose certains chapitres en français et d’autres en allemand, dont une traduction d’un article de Gøsta Esping-Andersen écrit à l’origine en anglais. L’auteur danois, professeur à l’Université Pompeu Fabra de Barcelone, s’y montre comme à son habitude un ardent défenseur de l’investissement social. Mais l’intérêt principal de la publication est de réunir des points de vue opposés sur le paradigme à la lumière du cas suisse.

Limites institutionnelles et idéologiques

Pour Giuliano Bonoli, seules des versions «light» d’investissement social ont vu le jour jusqu’à présent en Suisse. Ces mesures visent avant tout l’activation des personnes sans emploi, notamment les plus jeunes ou les moins qualifiées, et se distinguent de la version « lourde » d’investissement social, telle qu’on la trouve dans les pays scandinaves, jugée bien plus efficace par le chercheur. Il explique la faible pénétration des principes d’investissement social dans ce pays par des limites institutionnelles et idéologiques : le fédéralisme, qui empêche une vision commune et une gestion unifiée de la politique familiale ; et le conservatisme, qui privilégie le maintien des femmes auprès de leurs enfants et la non-intervention de l’Etat dans les affaires dites privées.

Jean-Pierre Tabin, lui, voit au contraire dans l’investissement social une manifestation de l’idéologie néo-libérale, dont l’unique objectif serait la réduction des coûts de l’Etat. Cette logique purement financière aboutirait notamment à dévaloriser le travail non rémunéré, sans pour autant chercher vraiment à lutter contre les inégalités sociales et de genre. Cette «doxa de l’investissement social» aurait selon lui été tout particulièrement mise à l’œuvre dans la 4e révision de l’assurance chômage en 2010, où l’essentiel du discours des parlementaires a tourné, estime-t-il, autour de la nécessité de rendre les prestations sociales moins attractives.

Justice sociale ou partiale ?

Les autres contributeurs du livre, Eva Nadai, Hans-Uwe Otto et Claudia Kaufmann, se révèlent également critiques de l’investissement social. L’approche est ainsi perçue comme trop sélective, visant avant tout les bénéficiaires les plus prometteurs ; elle ferait fi des véritables aspirations des acteurs, perçus uniquement comme des agents économiques, à l’opposé d’une démarche par les capabilités misant davantage sur l’épanouissement ; enfin elle négligerait de s’intéresser véritablement aux conditions de travail et aux inégalités homme-femme.

Jean-Michel Bonvin et Stephan Dahmen concluent que «dans le contexte actuel, l’Etat d’investissement social n’atteint pas, ou seulement de façon partielle, ses objectifs et il se révèle souvent un facteur de renforcement des inégalités sociales.» Ils soulignent que son impact reste difficile à évaluer : quels gains en attendre, et selon quelle temporalité ? «Le caractère vague du concept permet certes de rassembler des coalitions, mais il a comme effet pervers que celles-ci peuvent servir des objectifs très variés», ajoutent-ils, appelant de leurs vœux «une complémentarité plus équilibrée entre efficience et justice sociale.»

>> Jean-Michel Bonvin, Stephan Dahmen (eds.) (2017) Reformieren durch Investieren ? Chancen und Grenzen des Sozialivestitionsstaats in der Schweiz / Investir dans la protection sociale – atouts et limites pour la Suisse. Zürich : Seismo Verlag

Image iStock © denisik11

Les systèmes scolaires segmentés augmentent les inégalités sociales

Dans un article sur l’évolution des inégalités scolaires en Suisse paru dans la revue Social Change in Switzerland, Georges Felouzis et Samuel Charmillot comparent les cantons sur la base des données PISA de 2003 et 2012. Ils observent que l’orientation des élèves en plusieurs filières réduit l’égalité des chances, sans pour autant améliorer les performances.

Dans plusieurs cantons suisses, l’organisation de l’enseignement obligatoire au secondaire I fait l’objet de vives controverses entre les partisans du tronc commun et les défenseurs de filières basées sur le niveau scolaire. Dans ce débat, la question de l’efficacité, vue sous l’angle des résultats obtenus par les élèves, est régulièrement opposée à la question de l’équité, c’est-à-dire de la possibilité pour les enfants issus de milieux moins favorisés d’accéder aux formations les plus qualifiantes.

L’étude de Georges Felouzis et Samuel Charmillot offre une vision comparative dans le temps et dans l’espace grâce aux données du sur-échantillonnage de l’enquête du Programme International de Suivi des Acquis des élèves (PISA). Portant sur quinze systèmes éducatifs cantonaux à deux dates, 2003 et 2012, leur analyse montre que les systèmes qui misent sur la sélection précoce des élèves ne sont pas les plus efficaces : dans ces cantons, les résultats scolaires en mathématiques, à la fin de la scolarité obligatoire, sont inférieurs à la moyenne suisse. Les cantons les plus performants en terme de résultats se distinguent au contraire par une organisation scolaire moins segmentée, offrant davantage d’équité.

Une plus grande égalité des chances ne garantit pas à elle seule des résultats au dessus de la moyenne. Mais l’observation de l’évolution des systèmes éducatifs cantonaux entre 2003 et 2012 permet de voir si le profil socio-économique des élèves les plus performants a changé suivant les différentes réformes cantonales. Les auteurs montrent ainsi que les cantons qui ont augmenté la ségrégation ont vu diminuer la part de bons élèves issus de milieux modestes. Au contraire, les cantons ayant fait le choix de réduire la sélectivité ont généralement gagné en équité, offrant de meilleures perspectives d’éducation aux élèves de tous les milieux sociaux.

>> Georges Felouzis et Samuel Charmillot (2017). Les inégalités scolaires en Suisse. Social Change in Switerland No 8. Retrieved from www.socialchangeswiterland.ch

Contact: Georges Felouzis, Faculté de psychologie et des sciences de l'éducation, Université de Genève, tél. 022 379 90 21, Georges.Felouzis@unige.ch

La série Social Change in Switzerland documente, en continu, l’évolution de la structure sociale en Suisse. Elle est éditée conjointement par le Centre de compétences suisse en sciences sociales FORS, le Centre de recherche sur les parcours de vie et les inégalités (Faculté des sciences sociales et politiques, Université de Lausanne) LINES et le Pôle de recherche national LIVES – Surmonter la vulnérabilité: perspective du parcours de vie (PRN LIVES). Le but est de retracer le changement de l’emploi, de la famille, des revenus, de la mobilité, du vote ou du genre en Suisse. Basées sur la recherche empirique de pointe, elles s’adressent à un public plus large que les seuls spécialistes.

La première Journée romande de psychologie positive a été un succès, estiment les participant·e·s

La première Journée romande de psychologie positive a été un succès, estiment les participant·e·s

Le 17 février 2017, l'Université de Lausanne a accueilli la 1ère Journée romande de psychologie positive, à laquelle ont participé plus de 130 personnes, essentiellement issues de la pratique en psychologie, du conseil et de l’orientation, du développement de carrière, du travail social, de la santé et de l’éducation.

Le programme de cette journée a débuté par deux conférences plénières durant la matinée, l’une de Charles Martin-Krumm (Université de Bretagne Occidentale) sur l’histoire de la psychologie positive, entre tradition et innovation, et l’autre de Rebecca Shankland (Université de Grenoble) sur l’application de la psychologie positive et les bienfaits de la gratitude. La journée s’est poursuivie avec quatre ateliers pratiques sur différents domaines d’application de la psychologie positive (soins médicaux, coaching, conseil en orientation et école) et s’est clôturée par une table ronde suivie d’un apéro musical.

Cette manifestation a été organisée à l’initiative de la Société Suisse de Psychologie Positive (SWIPPA), avec pour objectif principal de fédérer les professionnel·le·s de la santé romand·e·s, et plus largement francophones, autour de cette discipline émergente. L’organisation de la journée a été rendue possible grâce aux efforts conjoints de la SWIPPA, du projet « Parcours professionnels » du Pôle de recherche national LIVES mené par le Centre de recherche en psychologie du conseil et de l'orientation (CePCO), de la Haute Ecole de Musique de Lausanne (HEMU) et du secrétariat de l’Institut de Psychologie de l’UNIL.

Evaluation par les participant·e·s

Les nombreux retours obtenus informellement ainsi que par l’intermédiaire d’une enquête de satisfaction font part d’impressions globalement très positives. Le programme de la journée et les différentes activités semblent avoir rempli les attentes de la plupart des participant·e·s : 94% ont été d'accord ou plutôt d'accord de dire que « le contenu de la journée était captivant » et 96% que « les conférences plénières et ateliers-réflexion correspondaient au thème de la journée. » Les ateliers ont rencontré un franc succès ; chacun d’entre eux a vu près de 25 personnes y participer. L’offre et la qualité des ateliers ont été globalement appréciées par la grande majorité de participant·e·s, même si quelques personnes auraient souhaité des parties interactives qui auraient permis d’approfondir encore davantage les contenus. Le format de la table ronde a également été très apprécié, même si cette dernière n’a pas complètement étanché la soif de nouveau contenu chez les participant·e·s (une personne a par exemple suggéré d’en faire un débat).

Dans l’ensemble, les participant·e·s semblent avoir beaucoup apprécié l’organisation de la journée : plus de 95% sont d’avis que le programme était équilibré et que son déroulement était agréable, malgré l’espace restreint dans les salles, relevé par quelques personnes. Outre ces différents aspects, les commentaires laissés mettent en avant la diversité des thématiques, la qualité des interventions, l’accessibilité du contenu et des intervenant·e·s et les applications possibles pour la pratique professionnelle.

Motivation pour la suite

De nombreuses personnes nous ont remercié et ont encouragé la tenue d’une nouvelle journée : 90% des participant·e·s se disent intéressé·e·s à participer à une nouvelle journée et de nombreuses pistes et idées nous ont été suggérées. Ces encouragements ont particulièrement touché notre équipe qui, au vu du succès rencontré, s’intéresse dès maintenant à la possibilité d'organiser une deuxième Journée romande de psychologie positive. Elle souhaite également exprimer ses plus sincères remerciements au PRN LIVES, à la Haute Ecole de Musique de Lausanne et au secrétariat de l’Institut de Psychologie pour les soutiens financiers, logistiques et organisationnels, ainsi que les intervenant·e·s, les bénévoles et les participant·e·s pour avoir contribué au succès de la journée.

Philippe Handschin et Grégoire Bollmann

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L'aide au logement des personnes en situation de handicap psychique à Genève rate parfois sa cible

La Cour des comptes de Genève a publié mardi 4 avril 2017 un rapport d'évaluation sur la politique publique cantonale en matière d’hébergement et de soutien au logement des personnes en situation de handicap psychique et souffrant d'un manque d'autonomie résidentielle. La partie statistique des analyses a été réalisée par Matthias Studer et Dan Orsholits, chercheurs LIVES à l'Université de Genève.

"L'évaluation montre que les prestations actuelles sont de qualité, mais qu’elles ne répondent pas entièrement aux besoins du public-cible. Sur la base d’une réallocation des moyens existants, la Cour propose au Département de l’emploi, de l’action sociale et de la santé (DEAS) d’élargir la gamme de prestations résidentielles, de favoriser l’accès et le maintien dans des logements indépendants, de faciliter le parcours des individus entre les différents modes de prise en charge et de revoir les processus d’analyse des besoins, de financement et de suivi de la politique publique", indique la Cour des comptes dans son communiqué de presse du 4 avril.

Le rapport de la Cour des compte de Genève se base notamment sur les analyses de Matthias Studer, chercheur senior à l'IP214 du Pôle de recherche national LIVES, et Dan Orsholits, doctorant, mandatés par la Cour pour réaliser la partie quantitative, et dont l'étude complète, réalisée en 2016, est abondamment citée dans le rapport.

C'est la deuxième fois que l'équipe LIVES à l'Institut de Socioéconomie de l'Université de Genève réalise un mandat pour la Cour des comptes de Genève. Le premier avait concerné en 2015 les trajectoires de chômeurs en fin de droit.

Les communiqués de presse et les rapports d'évaluation de la Cour des comptes de Genève sont librement disponibles sur http://www.cdc-ge.ch/.