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Le passage de la vie active à la retraite évolue, voire s'estompe, observent les sociologues

Le dernier numéro de la Revue suisse de sociologie aborde les transformations de la transition à la retraite. Edité par René Knüsel, Jean-François Bickel, François Höpflinger et Béatrice Vatron-Steiner, il présente un large panorama des enjeux et des tensions existant autour des politiques de retraite en Suisse et, par comparaison, dans d’autres pays européens.

Ce numéro spécial sur les politiques de retraite vise à poser une réflexion large sur les changements intervenus et prévus dans ce domaine particulièrement sensible des politiques sociales et plus globalement de la gestion de la population. Les réformes annoncées en Suisse en particulier auront des conséquences importantes sur les générations futures de retraités. Mais les changements sont déjà en cours et le passage de la vie active à  la retraite tend à se modifier, voire à s’estomper. Le statut même de retraité est en mutation, puisque les principes d’activation, préconisés pour l’ensemble des personnes au bénéfice des interventions de l’Etat, concernent désormais aussi les retraités. Le recours à des notions comme « senior au travail » ou du « retraité professionnellement actif » montre la relativité de ces limites.

Sur les sept articles qui suivent l’introduction des éditeurs, trois ont pour auteurs des chercheurs et chercheuses ayant des liens avec le Pôle de recherche national LIVES. Voici leurs titres et résumés :

Bien-être subjectif : l’impact du départ à la retraite en Suisse

Par Boris Wernli, Valérie-Anne Ryser et Carmen Borrat-Besson

Basé sur les données du Panel Suisse de Ménages (PSM), cet article documente, dans une perspective de parcours de vie, le calendrier de la transition à la retraite et son impact sur la satisfaction de vie des aînés. Les résultats révèlent que ce sont les travailleurs ayant les conditions de travail les plus difficiles qui ont le plus de peine à négocier cette transition et la modification des rôles sociaux qui en découle. Ceci démontre la nécessité de disposer de ressources personnelles notamment la capacité à investir de nouveaux rôles sociaux permettant d’anticiper, de se préparer, et de faire face, le moment venu, à cette transition.

Le vieillissement actif à l’épreuve de l’empirie : une approche par des modèles d’équations structurelles. La situation des migrants âgés en Suisse

Par Laure Kaeser et Jonathan Zufferey

Cet article étudie la relation entre les normes contemporaines du vieillissement et les pratiques des personnes âgées. Il confronte les ambitions politiques pour un vieillissement actif aux conditions de vie des personnes âgées. L’accent est porté ici sur les migrants âgés qui sont surreprésentés parmi les populations vulnérables. Les données exploitées proviennent de l’enquête «Vivre/Leben/Vivere» qui traite des conditions de vie des individus de plus de 65 ans. A l’aide de modèles d’équations structurelles, cet article identifie des configurations d’activités et détermine quels sont les facteurs explicatifs qui structurent l’accès au vieillissement actif. Il montre ainsi que le concept de vieillissement actif n’englobe pas l’ensemble des activités des personnes âgées et élude les inégalités socioéconomiques.

La persistance d’un système de stratification sociale ? Une analyse de la pauvreté chez les personnes âgées dans une perspective de parcours de vie

Par Rainer Gabriel, Michel Oris, Matthias Studer et Marie Baeriswyl

Cet article analyse les facteurs expliquant la pauvreté chez les personnes âgées en Suisse, en mettant l’accent sur sa construction au cours du parcours de vie. Plus particulièrement, nous nous intéressons à savoir si différentes informations attenantes aux parcours de vie individuels permettent de comprendre les inégalités sociales et de genre en matière de pauvreté en Suisse. Nos résultats montrent que le facteur le plus déterminant est le capital humain initial, renvoyant par là aux théories traditionnelles de la stratification sociale, alors que l’influence des trajectoires professionnelles, familiales ou relationnelles n’apparaît pas comme significative. Dans ce cadre, les différences de genre apparaissent comme pouvant être en grande partie expliquées à travers l’influence à long terme des différences du niveau d’instruction.

Source: http://www.sgs-sss.ch/fr-sociojournal-numero_actuel

>> René Knüsel, Jean-François Bickel, François Höpflinger, Béatrice Vatron-Steiner (Eds.). (2015). Transformation des politiques de retraite. Revue suisse de sociologie. Numéro hors série Vol. 41 (3).