Congrès annuel 2016 de la Société Suisse de Recherche en Education : "Où s'arrête l'école?..."

Congrès annuel 2016 de la Société Suisse de Recherche en Education : "Où s'arrête l'école?..."

"Où s’arrête l’école ? Transformations et déplacements des frontières éducatives" sera le titre du prochain congrès annuel de la SSRE du 29 juin au 1er juillet 2016 à l'Université de Lausanne. Le délai pour les soumissions est fixé au 31 janvier 2016. Parmi les thèmes proposés, "Transitions et orientations" et "Apprentissage tout au long de la vie" peuvent notamment intéresser les personnes travaillant sur les parcours de vie. Le Pôle de recherche national LIVES est un des sponsors de l'événement.

L’allongement général de la durée de la scolarité et le développement de la formation tout au long de la vie déplacent les frontières classiques de l’éducation. De nouvelles formes d’enseignement et d’apprentissage prennent place dans les pratiques et les relations quotidiennes. Les connaissances elles-mêmes se métissent dans les controverses autour des questions socialement vives. Certains enjeux sociétaux qui secouent aujourd’hui les débats sur la citoyenneté, l’usage des technologies ou les questions environnementales s’invitent à l’école. Les frontières entre éducation, vie quotidienne et activité professionnelle deviennent ainsi plus distendues, se déplacent et se transforment.

Le congrès annuel de la Société Suisse pour la Recherche en Education (SSRE) cherche à interroger et discuter les enjeux de ces transformations. Les chercheurs et chercheuses sont invité.e.s à proposer des contributions à différents niveaux — des individus, des collectifs, des institutions de formation, des politiques de l’éducation et de la recherche — en particulier autour des axes suivants :

  1. Relations entre formation, vie quotidienne et vie professionnelle (rapports famille-école, processus d’intégration et d’inclusion, programmes de prévention, « éducations à », etc.)
  2. Politiques de l’éducation (transformations des organisations et des programmes scolaires, enjeux politiques et institutionnels relatifs à l’éducation et à la formation, débats sur la citoyenneté, la formation professionnelle et le chômage, etc.)
  3. Transformation des métiers de l’éducation (changements dans la formation des formateurs, des dispositifs et des didactiques, santé au travail, etc.)
  4. Transitions et orientations (orientation ou réorientation scolaire et professionnelle, décrochages, passages entre cycles scolaires, de la formation à l’activité professionnelle et à la retraite, processus d’inégalités et pratiques de différenciation, fragmentation des appartenances et recompositions identitaires, etc.)
  5. Apprentissage tout au long de la vie (apports des études longitudinales, enjeux de la formation continue et professionnelle, histoires de vie, etc.)
  6. Médiations matérielles (le rôle des objets et outils de médiation, des MITIC, des jeux électroniques et réseaux sociaux dans le développement et la formation, etc.)

Au-delà du thème du congrès, les chercheurs et chercheuses seront invité·e·s à soumettre des contributions portant sur des projets actuels et relevant de tous les domaines des sciences de l’éducation. Les langues du congrès sont le français, l’allemand, l’italien et l’anglais.

Appel à communications

Les conférences plénières portent sur le thème du congrès mais les propositions de communication peuvent porter sur tout thème relevant de la recherche en éducation.

Pour votre soumission sélectionner ssre 2016 – soumission.
Délai de soumission :
31 janvier 2016
Format de la présentation : communication individuelle, symposium et poster

Thèmes du congrès

  • Relations entre formation, vie quotidienne et vie professionnelle
  • Politiques de l’éducation
  • Transformation des métiers de l’éducation
  • Transitions et orientations
  • Apprentissage tout au long de la vie
  • Médiations matérielles
  • Autre thème

>> Site internet du congrès

Image Felix Imhof

Un prix Leenaards à un projet de recherche sur les personnes très âgées et leurs enfants seniors

La Fondation Leenaards a remis le 24 novembre 2015 un prix à la Prof. Daniela Jopp et quatre collègues pour leur projet "Atteindre ensemble un âge
 très avancé : nature et implications de la relation entre parents très âgés et leurs enfants âgés". La Fondation remettait le même jour quatre autres prix afin de soutenir des chercheurs des hautes écoles de Suisse romande dont les projets traitent de la qualité de vie des personnes de plus de 65 ans. Depuis 2010, vingt-trois projets de ce type ont été ainsi financés pour un montant total de plus de 2,2 millions de francs.

Thématique et hypothèse

Les personnes qui atteignent un âge très avancé représentent la part de population qui s’accroît le plus rapidement en Suisse. Cette hausse de l’espérance de vie a donné lieu à un nouveau phénomène peu investigué jusqu’à aujourd’hui : les membres d’une même famille qui atteignent ensemble un âge très avancé.

Cette étude exploratoire a pour but d’évaluer la nature de la relation entre des parents très âgés et leurs enfants d’âge avancé, ainsi que ses implications sur leur bien-être et leur qualité de vie.

Selon l’hypothèse générale de départ, ce type de relation se caractérise par des aspects positifs (p. ex. se sentir reconnaissant de la présence de l’autre), mais aussi par des aspects négatifs (p. ex. sentiment pour le centenaire d’être un fardeau pour l’enfant ou pour l’enfant de ne pas avoir de vie personnelle).

Méthodologie

A l’aide de méthodes qualitatives et quantitatives, l’équipe de recherche va examiner un échantillon de dyades formées chacune d’un individu âgé de 95 ans et plus, vivant dans la région lémanique, et de l’enfant d’âge avancé le plus impliqué dans les soins qui lui sont fournis. Ce type de recherche – encore jamais conduite en Suisse – vise à décrire la relation parent très âgé/enfant âgé, à identifier les facteurs personnels et relationnels liés à la qualité de relation ainsi que les conséquences pour le bien-être et la qualité de vie de chacun.

La démarche s’appuiera sur des méthodes développées dans de précédentes études conduites aux États-Unis, en l’Allemagne et au Portugal et permettra de comparer la situation suisse à celle de ces pays.

Résultats attendus

Les résultats de cette étude exploratoire visent à mieux comprendre les besoins en matière de soins et de soutien, ainsi que leur impact sur le bien-être des sujets très âgés et de leurs proches aidants. Ceci dans le but de relever le défi international lié au nombre croissant d’individus très âgés dans les sociétés occidentales et d’établir des recommandations visant à améliorer leur bien-être et leur qualité de vie.

« Ce projet anticipe une situation qui sera fréquente d’ici 20 à 30 ans : le soutien mutuel entre parents centenaires et enfants âgés et les difficultés/bénéfices de telles relations au sein de dyades d’un genre nouveau. » Le Jury « Qualité de vie 65+ » 2015

Equipe de recherche

  • Prof. associée Daniela Jopp, 
Institut de psychologie, UNIL & PRN LIVES
  • Prof. associée Kathrin Boerner, University of Massachusetts, USA
  • Prof. Dario Spini, UNIL & PRN LIVES
  • Prof. assistante, Joëlle Darwiche, UNIL
  • Prof. assistant Heining Cham, Fordham University, USA

Source: https://www.leenaards.ch/prix/atteindre-ensemble-age-tres-avance/

Forte affluence à la conférence publique sur les trajectoires de chômeurs en fin de droits

Forte affluence à la conférence publique sur les trajectoires de chômeurs en fin de droits

La Cour des comptes du canton de Genève et le Pôle de recherche national LIVES ont fait salle comble mercredi 18 novembre 2015 à l’Université de Genève pour la présentation d'une évaluation de l’impact des politiques genevoises de réinsertion professionnelle. Le débat qui a suivi a été à la mesure du constat : grave.

Syndicalistes, travailleurs sociaux, représentants de services publics, d’ONG et d’associations ou simples chômeurs : ils étaient environ 130 mercredi soir à Uni Mail aux côtés de quelques chercheurs pour assister à la conférence d’Eric Moachon et Matthias Studer sur les trajectoires de chômeurs en fin de droits à Genève.

La présidente de la Cour des comptes, Isabelle Terrier, a commencé par rappeler le contexte du rapport publié en avril 2015, dont la partie quantitative a été confiée à des chercheurs de l’Université de Genève travaillant dans le cadre du Pôle de recherche national LIVES. Cette étude porte sur 22'600 chômeurs arrivés en fin de droits entre 2007 et 2012, un travail « fouillé et original », a-t-elle déclaré, axé sur les parcours de vie et le passage entre différents dispositifs de réinsertion.

Puis Eric Moachon, évaluateur à la Cour des comptes, et Matthias Studer, chercheur en socio-économie au sein de LIVES, ont présenté les principaux résultats de recherche qui utilise les outils méthodologique développés au sein de l’IP214 de LIVES.

Le nombre de personnes arrivées au terme de leurs indemnités de chômage à Genève sans avoir retrouvé d’emploi a augmenté d’un tiers en quelques années. En combinant les données administratives de l’assurance chômage, de l’Hospice général, de la Centrale de compensation AVS/AI et de l’Office cantonal de l’emploi, le rapport sur les trajectoires de chômeurs entre 2007 et 2012 a pu dresser un tableau exhaustif du parcours des individus concernés.

L'impact de la politique

On constate au début de cette période l’impact d’une décision politique majeure : la suppression des emplois temporaires cantonaux (ETC), qui permettaient de rouvrir un droit aux allocations chômage une fois la mission terminée, un effet « carrousel » qui voyait les mêmes personnes alterner entre ETC et chômage pendant plusieurs années.

Le rapport décrit également d’autres types de mesures, comme les emplois solidarité ou les allocations de retour en emploi. Il compare différentes cohortes de chômeurs en fin de droits au fil du temps, et permet de voir sur quel type de situation chaque prestation a débouché.

Les chercheurs soulignent que le portrait robot des chômeurs en fin de droits a évolué : en 2012 il s’agissait en moyenne de personnes mieux formées et plus jeunes qu’en 2007, où les profils étaient moins facilement réinsérables sur le marché de l’emploi. Mais entre-temps la situation économique a empiré et les dispositifs de soutien aux chômeurs en fin de droits se sont raréfiés. Résultat : le nombre de mois passés sans aucune prestation ni emploi s’est allongé et le nombre de personnes vivant avec un revenu en dessous du minimum vital de 2500 francs bruts a augmenté de 50%.

« La trappe du chômage a été remplacée par la trappe de la pauvreté », a déclaré à l’heure du bilan le Prof. Jean-Michel Bonvin, spécialiste des politiques sociales, s’interrogeant sur la place réservée dans notre société aux personnes difficiles à intégrer sur le marché de l’emploi.

Détresse

Le débat qui a suivi a montré l’intensité de la détresse de ceux qui assistent aux effets du chômage de longue durée: la difficulté des seniors à obtenir une nouvelle chance, la crainte des Permis B de demander l’aide sociale au risque d’une expulsion, l’impuissance des travailleurs sociaux à proposer des solutions, l’inadéquation de certaines mesures, la sous-enchère salariale, le développement d’un marché privé (et donc lucratif) de la réinsertion…

Autant de questions qui n’ont pas trouvé de réponses ce soir-là, car « le chercheur ne se substitue pas au politique », a rappelé Jean-Michel Bonvin. Mais l’importance de l’enjeu était en tout cas démontrée, tant par les chiffres que par les réactions.

>> Voir le rapport

Photo iStock © Sturti

Les enfants et le travail sont pire que la maladie pour les couples. Mais ça s’arrange à la retraite

La qualité des relations de 721 couples en Suisse sur une période de treize ans est au centre d’une thèse doctorale conduite dans le cadre du Pôle de recherche national LIVES. Manuela Schicka a défendu avec succès les résultats de sa recherche le 30 septembre 2015 à l’Université de Genève. Elle démontre que si les styles d’interaction conjugale restent généralement stables au cours de l’existence, certains événements critiques et certaines phases de vie pèsent davantage que d’autres, et de manière parfois inattendue.

La sociologie de la famille avait déjà constaté l’effet de contagion des problèmes socio-professionnels sur les relations conjugales. Etre au chômage ou rencontrer des problèmes financiers ne sont bien sûr pas les meilleurs moyens d’entretenir la flamme. On savait déjà également que la transition à la parentalité pouvait être un véritablement tremblement de terre pour les partenaires. Mais comment mesurer la qualité de la relation ? Comment évolue-t-elle au cours du temps ? Et tous les événements critiques du parcours de vie ont-ils le même impact ?

Les données longitudinales collectées dans le cadre du projet IP208 du PRN LIVES ont permis à Manuela Schicka de répondre à ces questions. L’enquête Stratification sociale, cohésion et conflits dans les familles contemporaines, que le Prof. Eric Widmer mène depuis 1998 à l’Université de Genève, a généré des informations inédites sur la stabilité et le changement au sein des couples vivant en Suisse.

1442 partenaires hétérosexuels de longue durée ont été observés par l’étude de Manuela Schicka. Ils faisaient partie des personnes qui ont accepté de participer à la première et à la troisième vague de l’enquête en 1998 et 2011. La deuxième vague en 2004 n’avait permis que d’interviewer les femmes. La troisième vague a également essayé de toucher les personnes séparées ou divorcées, mais celles-ci ne sont pas incluses dans les présentes analyses.

Evénements critiques et transitions

La doctorante a regardé si certains événements critiques ou certaines transitions ont eu un impact sur la qualité des relations, et si ces effets dépendaient également en partie des styles d’interaction conjugale. Elle s’est intéressée à des transitions dites « normatives » (attendues et ordinaires), telle que devenir parent, voir son enfant quitter la maison (le syndrome du « nid vide ») ou prendre sa retraite. Elle a également inclus des événements « non normatifs» (inattendus et non souhaités) tels que problèmes socio-professionnels et soucis de santé.

Pour évaluer la qualité des relations conjugales, elle a pris comme indicateurs le niveau de satisfaction par rapport au couple, la fréquence des pensées de séparation, l’existence de conflits conjugaux de différents types et la gravité des disputes.

Les styles d’interaction conjugale étaient identifiés en fonction de la typologie développée par Jean Kellerhals et Eric Widmer, qui est basée sur deux dimensions principales : la cohésion et la régulation. Le niveau de cohésion dépend du degré de fusion (plus les partenaires sont connectés l’un à l’autre) et du degré d’ouverture (plus le couple est connecté à son réseau social). Quant au niveau de régulation, il dépend du degré de différenciation genrée des rôles au sein du couple et du degré de routinisation des tâches.

Les couples fusionnels résistent mieux

La recherche de Manuela Schicka a montré que les couples marqués par un haut degré de fusion résistent mieux aux aléas de la vie. Elle a également révélé que les styles d’interaction évoluent très peu au cours de la vie de couple. Certaines transitions cependant, et particulièrement le passage à la retraite, ont tendance à entraîner une plus grande fusion. Ce moment du parcours de vie, ainsi que la phase du « nid vide », apparaissent comme bénéfiques pour la qualité relationnelle du couple. Par contraste, la transition à la parentalité et les problèmes socio-professionnels génèrent plus de conflits et une baisse de satisfaction dans la relation.

Il est également intéressant de relever que les maladies graves et les accidents n’ont pas d’effet sur la qualité conjugale. Près de la moitié des couples interrogés ont été confrontés à des problèmes de santé entre la première et la troisième vague, alors que 20% seulement ont connu des soucis d’ordre socio-professionnel.

Responsable ou pas?

Manuela Schicka explique la différence d’impact entre les problèmes liés au travail et les problèmes de santé par le fait que la trajectoire professionnelle est perçue comme quelque chose de contrôlable, alors que les maladies et les accidents sont associés à de la malchance, et non à une responsabilité personnelle. Quand un tel malheur arrive, il y a moins de ressentiment entre les partenaires. La chercheuse note également que « l’importance des événements dans le domaine professionnel peut être expliqué par l’importance en Suisse, pour les hommes et les femmes, d’être actifs sur le marché du travail. Un échec dans ce domaine entraîne de la frustration et des déceptions. »

L’autre caractéristique de la Suisse est liée à la question des enfants : comme la chercheuse l’observe, « la transition à la parentalité est associée à une augmentation de la fermeture du couple, ainsi qu’à une hausse de la différenciation des rôles fonctionnels. » Les femmes dans ce pays abandonnent ou réduisent souvent leur participation au monde professionnel quand elles deviennent mères, en raison du manque de solutions de garde. Cela aussi génère pas mal de frustration.

Il est dès lors ironique de constater que l’objectif principal du mariage, avoir des enfants, est un défi aussi menaçant pour la stabilité du couple, alors que les transitions vers le nid vide ou la retraite réussisent à souder davantage les partenaires, à un âge qui n’est généralement pas considéré comme le plus romantique…

>> Schicka, Manuela (2015). The Impact of Critical Life Events and Life Transitions on Conjugal Quality: A Configurational Approach. Sous la direction d'Eric Widmer. Université de Genève

Image iStock © Jennifer Borton

Les aspirations professionnelles des jeunes reflètent des inégalités de genre toujours en cours

Le 3e numéro de la revue Social Change in Switzerland aborde la division sexuée de l’orientation professionnelle des adolescent·e·s. Cet article de Lavinia Gianettoni et al. montre qu’une majorité de filles visent un métier mixte ou atypique du point de vue du genre. Cependant, deux tiers d’entre elles se projettent dans un emploi à temps partiel visant à concilier travail et famille. L’intériorisation des normes de genre entretient ainsi la ségrégation des femmes sur le marché du travail, ce qui n’est pas rationnel du point de vue économique.

Cet article se base sur l’enquête Aspirations et orientations professionnelles des filles et garçons en fin de scolarité obligatoire : quels déterminants pour plus d’égalité ? financée par le Fonds national suisse de la recherche scientifique, qui a permis de récolter des données auprès de 3302 adolescent·e·s de 13 à 15 ans dans cinq cantons de Suisse (GE, VD, TI, AG, BE) en 2011.

Les auteurs observent que près de deux tiers des garçons interrogés ambitionnent une profession typique du point de vue du genre, c’est à dire occupée à plus de 70% par des personnes de leur sexe (informaticien, policier, etc.). Ils sont moins d’un tiers viser une profession mixte (médecin, enseignant au secondaire, etc.), et seulement 7% un métier atypique (instituteur au primaire, coiffeur, etc.). Côté filles, un tiers vise une profession typique (éducatrice de la petite enfance, esthéticienne, etc.), la moitié une profession mixte et 19% une profession atypique (avocate, ingénieure, etc.).

Les données montrent également que deux tiers des filles s’imaginent travailler plus tard à temps partiel pour des raisons familiales contre 37% des garçons. Mais alors que chez ces derniers le taux d’activité souhaité n’est pas lié à un type de métier en particulier, les filles désireuses de travailler à temps partiel choisissent davantage des métiers « féminins ».

Facteurs institutionnels et idéologiques

Les auteurs concluent que des facteurs institutionnels et idéologiques pèsent toujours sur les aspirations des jeunes : l’insuffisance des structures de garde, le manque de conciliation travail-famille dans certaines professions, ainsi que la socialisation des enfants, qui privilégie encore une division sexuée des rôles, maintiennent la ségrégation horizontale et verticale des femmes sur le marché du travail : elles demeurent moins nombreuses dans les métiers socialement valorisés et bien rémunérés, et moins nombreuses également dans les positions hiérarchiques supérieures.

La persistance de ces inégalités de genre a de plus un impact économique, puisque la formation des jeunes femmes n’est pas pleinement valorisée ensuite sur le marché du travail. Il importe donc de continuer à agir sur les nombreux freins qui limitent les aspirations professionnelles et familiales des jeunes.

>> Lavinia Gianettoni, Carolina Carvalho Arruda, Jacques-Antoine Gauthier, Dinah Gross, Dominique Joye (2015), Aspirations professionnelles des jeunes en Suisse : rôles sexués et conciliation travail/famille, Social Change in Switzerland No 3. Retrieved from www.socialchangeswitzerland.ch

Contact: Dr. Lavinia Gianettoni, 079 565 35 81, Lavinia.Gianettoni@unil.ch

Photo Chris Strong @ University of Chicago

Les impacts identitaires d’une transformation corporelle : conférence de Kristen Schilt

Perdre beaucoup de poids ou changer de sexe sont des processus qui questionnent l’identité de ceux qui passent par ces transformations. Aller ainsi "contre la nature" permet-il d'accéder à un nouveau soi ou à un soi authentique ? La professeure de sociologie à l’Université de Chicago sera l’invitée du Pôle de recherche national LIVES et de la PlaGe - Plateforme interfacultaire en Etudes Genre - le 26 novembre 2015 à 17 heures à l’Université de Lausanne.

La conférence publique de Kristen Schilt, Professeure de Sociologie à l’Université de Chicago, aura pour titre "A New You or Your True Self? Framing Major Changes to Embodiment". Elle conclura le colloque Le corps mis en scène, qui aura lieu le même jour dans le bâtiment Géopolis de l’Université de Lausanne.

Kristen Schilt présentera deux études de cas concernant la perte de poids et la transition de sexe dans le contexte états-unien contemporain. Elle porte ainsi son regard sur des individus qui affrontent des changements majeurs de leur corps et de leur identité dans un domaine qui est habituellement considéré comme déterminé biologiquement. Deux cadres de référence en compétition sont notamment présentés. Kristen Schilt investigue dans quelle mesure les trajectoires et les changements majeurs permettent aux individus d’accéder à un nouveau soi ou à un soi authentique.

Kristen Schilt nous invite notamment à penser la vulnérabilité des parcours de vie et à investiguer comment les individus font face à des changements majeurs de leur existence. Cette réflexion permettra de mettre en lumière les présupposés culturels touchant bien souvent le corps – ceux-ci permettant de naturaliser et reproduire des inégalités sociales.

Colloque : Le corps mis en scène

Le colloque Le corps mis en scène, qui précédera sa conférence publique, permettra d’évoquer plusieurs aspects de la corporéité. D'abord une réflexion historique sur le sein comme élément du corps capable de véhiculer des messages différents et son utilisation dans les rites. Ce sera aussi l’occasion de se questionner de manière comparatiste sur le phénomène et la place de la transformation médicale ou culturelle des corps, dans des contextes culturels très éloignés, comme la Rome antique et l'Inde contemporaine, d'un point de vue des significations genrées de telles pratiques et des "transidentités" auxquelles elles donnent lieu.

Ce colloque s'insère dans un événement plus large intitulé Le corps en perspective : approches de genre interdisciplinaires qui conclut un cycle de deux ans sur la thématique "corps" que se proposait d'explorer la PlaGe - Plateforme interfacultaire en Etudes Genre. Ce thème s’est imposé d'emblée au Bureau de la PlaGe pour son potentiel fédérateur : le corps est en effet l'un des vecteurs privilégiés de la (re)production, de la performance et de l'incarnation du genre. Son étude permet de plus de multiples approches, tant disciplinaires que méthodologiques : de la biologie et médecine aux sciences sociales, en passant par ses traitements littéraires, picturaux ou cinématographiques, il dit toujours quelque chose du genre. Un parcours de deux années pour découvrir, in fine, que ni la paléo-anthropologie, ni la génétique, ne sont à même aujourd'hui de délimiter clairement deux groupes humains composés exclusivement de femmes ou d'hommes...

La conférence plénière de Kristen Schilt est co-organisée par la PlaGe et l’IP206 du PRN LIVES.

Damien Michelet, Solène Froidevaux, Isabelle Zinn

Informations pratiques :

Kristen Schilt
A New You or Your True Self? Framing Major Changes to Embodiment
Jeudi 26 novembre 2015, 17h00
Géopolis UNIL – Quartier Mouline  -  salle 2137

>> Programme de la journée