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"Vieillissement et pouvoirs d'agir. Entre ressources et vulnérabilités": colloque REIACTIS 2016

Les 5èmes rencontres internationales du Réseau d’Etude International sur l’Age, la Citoyenneté et l’Intégration Socio-économique (REIACTIS) veulent aborder la dynamique des ressources et des vulnérabilités sous l’angle des pouvoirs d’agir que les personnes vieillissantes peuvent maintenir ou acquérir au long de leur trajectoire de vie. L'événement aura lieu lieu du 10 au 12 février 2016 à l'Université de Lausanne, organisé en collaboration avec la Haute-école spécialisée de Suisse occidentale (HES-SO) et le Pôle de recherche national LIVES. Le délai de l'appel à contribution est fixé au 30 avril 2015.

Avant-programme

La réflexion mobilisera et questionnera la pertinence heuristique des concepts les plus utilisés pour rendre compte des processus à l’oeuvre dans les parcours de vie (intégration, exclusion, socialisation, déprise, empowerment, etc.), que ce soit en lien avec un questionnement sur la sphère publique (opportunités professionnelles et de formation, exercice de la citoyenneté, participation sociale et vie associative), la sphère privée (relations familiales, amicales, de voisinage ou de couple, etc.), ou à l’articulation entre privé et public (vie en institution notamment). Dans le fil de ce questionnement, les organisateurs invitent les contributeurs et contributrices à s’interroger sur la définition des ressources et des vulnérabilités en lien avec l’avancée en âge. Comment les appréhender au regard du respect de la volonté des individus et des principes de justice et de solidarité, dans les multiples contextes et moments des parcours de vie ? Comment expliquer les dynamiques différentielles des vulnérabilités et des ressources ? Quels rôles jouent le genre, la génération, l'origine sociale ou « ethnique » dans ces dynamiques ? Comment le contexte économique, les politiques publiques (par exemple l’accès aux services de santé et l’aide à domicile) ou les représentations sociales (âgisme par exemple) contribuent-ils à façonner le pouvoir d’agir aux différents âges de la vieillesse ? Les échanges croisés de ce 5ème colloque international permettront de mieux saisir comment l’avancée en âge peut amener tout à la fois des pertes de pouvoirs et des formes d’émancipations, des vulnérabilités et des ressources nouvelles.

Plateforme d’échange autour des enjeux de citoyenneté et d’intégration sociale des personnes âgées, le REIACTIS mobilise depuis 2006 des formes d’analyses plurielles portant sur les traditions culturelles et anthropologiques, les institutions sociales et sanitaires mais également les expériences personnelles dans un contexte globalisé. Il relie chercheuses et chercheurs, praticiennes et praticiens, aînées et aînés afin de favoriser les échanges entre les différents types d’acteurs ayant un intérêt pour le vieillissement, comme objet d’étude ou d’action. Fidèle au caractère international et multidisciplinaire qui caractérise le REIACTIS depuis sa création, le 5ème congrès de Lausanne sera l’occasion d’ouvrir le débat à partir de recherches et de pratiques issues d’une grande variété de pays.

L’originalité heuristique du colloque de 2016 réside dans la volonté d’aborder la question controversée des vulnérabilités liées à l’âge en la reliant à ses contrepoints, les ressources et le pouvoir d’agir, que ce soit au niveau micro, méso ou macro social. Il s’agira d’appréhender les populations âgées dans leur diversité et leurs capacités à gérer leur existence, à s’intégrer socialement, économiquement et politiquement et à construire des formes de résistances individuelles ou collectives. Le colloque sera aussi l’occasion d’identifier et de questionner les formes et les conditions de l’innovation sociale à vocation émancipatrice (au travers de modalités d’information et de communication, de soutiens aux processus d’apprentissage, de formation, d’autoformation ou d’expression) ainsi que le rôle des mouvements sociaux, ou organisations qui pèsent sur les processus décisionnels (au niveau international, national, régional ou local). Dans une perspective comparative, on s’interrogera sur la manière dont les différents contextes économiques (croissance de certains pays asiatiques ou africains, ou à l’inverse, crise d’une partie des pays européens par exemple) induisent des mises en place ou des révisions des politiques publiques de nature à affaiblir mais aussi à renforcer certaines catégories de personnes âgées. Plus spécifiquement, cette réflexion générale se déclinera autour de trois axes principaux :

1) Les pouvoirs d’agir au prisme de l’innovation sociale et de l’action collective

Le pouvoir d’agir des personnes âgées est lié aux formes de solidarité et d’intégration que celles-ci peuvent mobiliser – solidarités familiales, relations de proximité (voisinage, communauté) ou vie associative –, ainsi qu’à la capacité des individus et des groupes sociaux à se mobiliser pour faire valoir leur point de vue. Ainsi, différentes formes d’action collective permettent aux personnes vieillissantes de s’exprimer et de définir elles-mêmes leurs besoins, qu’il s’agisse de mouvements sociaux, d’organisations citoyennes, de groupes d’entraide ou de coalitions cherchant à peser sur les processus décisionnels aux différents échelons administratifs. Ces modes de solidarités comme les formes diverses que prennent ces collectifs en lien avec l’âge et le vieillissement sont révélateurs tant des attentes et des besoins que des ressources de ces individus ou groupes sociaux.

Dans un contexte de restriction budgétaire, de transformation des modèles économiques, de recomposition familiale et de croissance des cas de dépendance liés à l’âge, les autorités nationales ou internationales (UE, OCDE, ONU) en appellent aujourd’hui à l’innovation sociale dans le domaine des politiques du vieillissement. Dans cette perspective, cet axe thématique sera l’occasion de s’intéresser d’une part aux nouveaux besoins ou manques que formulent et révèlent ces collectifs et ces nouvelles solidarités, que ce soit dans leur dimension individuelle (lutte contre l’isolement) ou collective (pallier un manque dans les services sociaux). D’autre part, cet axe thématique s’intéressera à l’innovation dont ces collectifs font la démonstration (par l’organisation de services ou la mise à l’agenda de problématiques inédites notamment) et à ses limites. Que ce soit dans des formes d’entre soi ou au contraire à l’occasion de manifestations publiques, ces groupements font la preuve de solidarités qui sont autant de signes de (ou de remparts contre des) vulnérabilités.

2) Action publique et reconfiguration de la citoyenneté des personnes âgées

La capacité des individus à faire face à l’avancée en âge dépend de la capacité des régimes d’action publiques et des professionnels de l’action sociale à mettre en oeuvre des programmes et des services à même de soutenir l’intégration des personnes dans des dynamiques économiques, sociales ou politiques. Dans ce sens, les régimes d’action publique nationaux, mais aussi régionaux ou locaux contribuent à définir la citoyenneté des personnes âgées. C’est à travers eux en effet que se déterminent et se concrétisent les droits civils, politiques et sociaux ainsi que l’accès à ces droits et la capacité à les mobiliser. Dans les pays occidentaux, les politiques et les interventions sociales semblent miser sur une citoyenneté active des personnes âgées, favorisant la personnalisation de l’accompagnement, l’autonomie des personnes ou le libre choix des services : on peut penser ici aux nouvelles formes d’interventions socio-sanitaires moins centrées sur le soin que sur l’accompagnement, au développement des gérontotechnologies qui transforment les formes de dépendances, ou aux nouvelles formes d’habitats et d’action urbanistique visant à l’intégration et la qualité de vie des personnes vieillissantes. Pour autant, ces politiques peuvent aussi se révéler source de contraintes, d’exclusions, d’inégalités ou de vulnérabilités nouvelles. Ainsi, les compétences pour solliciter, comprendre, connaître ou même financer les aides, outils ou dispositifs se révèlent socialement inégales. De la même manière, nombre de réformes en lien avec la crise économique récente ont des implications directe pour certaines personnes âgées (perte de droits, suppression de programmes d’accompagnement, précarisation, etc.).

Dans cette perspective, cet axe thématique interrogera la manière dont différentes formes d’action publique et d’intervention sociale contribuent à redéfinir la citoyenneté des personnes âgées. Dans le champ des politiques sociales, mais aussi de l’emploi ou de la santé, comment et par quels mécanismes se redessine aujourd’hui la carte de l’inclusion et d’exclusion, de l’égalité et de l’inégalité, en lien avec l’âge ? L’action publique et ses liens avec la citoyenneté pourra être saisie à travers les instruments mobilisés (techniques, architecturaux, institutionnels, etc..), les publics cible, la variété des acteurs (public, marchands, associatifs) et les pratiques d’intervention. Dans une approche comparative, on pourra également questionner le rôle des nouveaux référentiels et des concepts rattachés aux réformes - comme le « nouveau management public » (ou New public management), les notions d’efficience ou même d’empowerment.

3) Adaptation et socialisation dans les parcours de vieillissement

Le vieillissement peut être, dans certaines configurations, associé à un processus de perte du pouvoir d’agir sur soi, de perte de pouvoir social, économique et politique. Comment les individus (âgés) composent-ils avec un monde qui change ? La modification des repères familiaux, identitaires, économiques et politiques peut-elle potentiellement fragiliser certains publics âgés ? Comment ces populations âgées se préparent-elles et réagissent-elles aux transitions, aux crises, aux opportunités ou aux deuils auxquels elles font face ? Dans le cadre de cet axe thématique, il s’agira de mieux cerner les dispositions ou les mécanismes qui font que certains individus (âgés) vivent mieux que d’autres l’évolution de leur situation personnelle (santé, économique, sociale, etc.) mais également de la société. Cette compréhension devrait aider à une meilleure compréhension des vulnérabilités et des moyens de les surmonter.

De manière plus générale, cet axe thématique permettra de réfléchir plus spécifiquement à la notion de socialisation c’est-à-dire aux dispositions et aux compétences acquises tout au long de son existence en lien avec l’avancée en âge. Si tout individu (âgé) est pour une large part le produit d’expériences socialisatrices successives et/ou parallèles par lesquelles il est passé, et si la vulnérabilité sociale est le produit d’une disjonction entre des expériences socialisatrices et des contextes d’action, peut-on encore parler de processus de socialisation dans le grand âge ?

Propositions de communication

Trois formes d’interventions sont possibles dans le cadre de ce congrès.

  1. Des communications orales, qui auront lieu dans le cadre des sessions organisées autour des trois axes.
  2. Des posters qui bénéficieront d’une session spéciale ;
  3. Des symposiums (sessions panel), proposés autour d’une problématique particulière du congrès et de ses axes. Ces symposiums devront réunir trois à quatre contributions de chercheuses ou chercheurs issus de – ou travaillant sur – plusieurs pays. Leur durée sera de 90 minutes. Le format des symposiums est intentionnellement laissé ouvert mais leurs responsables sont encouragés à élaborer des propositions qui favorisent les échanges avec le public. Les propositions de symposiums doivent comporter les éléments suivants : les noms et affiliations des responsables, le titre du symposium, un résumé, les noms, emails et affiliations des intervenantes et intervenants, ainsi que les thèmes des interventions.

Les propositions de contributions, de posters et de symposiums peuvent être rédigées en français, anglais ou espagnol.

Les différentes propositions, d’un maximum de 3'000 caractères (espaces compris), doivent parvenir le 30 avril 2015 au plus tard avec une indication, le cas échéant, de l’axe thématique dans lesquelles elles s’inscrivent.

Elles doivent être déposées directement sur le site du colloque : www.reiactis2016.ch

En cas d’acceptation, le texte de la communication devra parvenir aux organisateurs jusqu’au 30 novembre 2015 pour être transmis aux modérateurs et modératrices.

Les interventions pourront avoir lieu en français, anglais ou espagnol. Cependant, une traduction simultanée ne peut être garantie pour l’ensemble des sessions.

Calendrier

  • Délai pour l’envoi des propositions : 30 avril 2015
  • Notification de l’acceptation/refus des propositions de communication : 15 juillet 2015
  • Délai pour l’envoi des communications : 30 novembre 2015.

Lieu

Université de Lausanne, Bâtiment Amphimax, Quartier Sorge, 1015 Lausanne

http://www.unil.ch/ci/fr/home/menuinst/bienvenue/plan-dacces.html

Comité d’organisation

Jean-François BICKEL, Michèle GUIGNARD, Valérie HUGENTOBLER, Rosita KORNFELD, Alexandre LAMBELET, Barbara LUCAS, Pascal MAEDER, Christian MAGGIORI, Dario SPINI, Daniel THOMAS, Jean-Philippe VIRIOT-DURANDAL, Peter VOLL.

Conseil d’expert-e-s scientifiques

Les communications seront évaluées par un Conseil scientifique composé d’expertes et d’experts internationaux. Pour la liste complète : www.reiactis2016.ch/conseil_scientifique

Adresse de contact :

Colloque REIACTIS 2016 - reiactis2016@eesp.ch

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Le vieillissement actif est-il un idéal atteignable pour les moins favorisés ?

Dans une thèse défendue le 26 février 2015 à l’Université de Genève dans le cadre du Pôle de recherche national LIVES, Laure Kaeser s’interroge sur « les normes contemporaines du vieillissement au prisme des parcours de vie » en prenant le cas des personnes âgées issues de la migration économique. Au terme d’une plongée passionnante dans l’interaction entre les trajectoires migratoires et les politiques publiques du pays d’accueil en matière de retraite, la chercheuse invite à prendre en compte la pluralité des formes de vieillissement et à favoriser une démocratisation de l’accès aux ressources.

Parmi les personnes âgées en Suisse, il y a des migrants. Ce fait n’a pas échappé à l’équipe de chercheuses et chercheurs impliqués dans l’enquête Vivre-Leben-Vivere (VLV) menée au Centre interfacultaire de gérontologie et d’études des vulnérabilités (CIGEV) de l’Université de Genève. L’étude est soutenue par le Pôle de recherche national LIVES et plusieurs doctorant-e-s y travaillent.

Du fait de leur âge, de leur origine et de leur position socio-économique, les personnes étrangères peu qualifiées de plus de 65 ans forment une population difficile à atteindre, encore mal connue de la recherche et peu prise en compte par les politiques sociales. C’est pourquoi l’enquête VLV a collecté des données à Bâle et Genève sur 365 retraités issus d’Italie, d’Espagne et du Portugal, soit les trois principaux pays de provenance d’anciens travailleurs immigrés de secteurs comme la construction, l’industrie ou le nettoyage. C’est sur cet échantillon, au sein d’un ensemble plus large de 3600 répondants examinés par VLV, que Laure Kaeser a choisi de travailler.

Un concept ambivalent et normatif

La jeune sociologue observe comment les apports de la gérontologie d’une part et les politiques de l’Etat social moderne de l’autre concourent à construire et encourager le modèle du « vieillissement actif », étant entendu que les personnes âgées vivent mieux et coûtent moins quand leur pouvoir d’action est maintenu. Elle constate cependant l’ambivalence de ce concept et son aspect normatif, et se demande si le « bien vieillir » véhiculé par l’image du « senior actif » ne laisse pas de côté celles et ceux dont le parcours de vie n’a pas permis d’accumuler les ressources nécessaires. En incitant les aînés à travailler plus longtemps, à se maintenir en forme par le sport, à se cultiver, à entretenir leur réseau et à se rendre utiles, ce discours risque de marginaliser encore davantage les plus vulnérables et les moins intégrés. Or les données recueillies par VLV montrent bien que les migrantes et les migrants sont surreprésentés parmi celles et ceux dont l’état de santé, les moyens matériels et le niveau d’éducation sont les plus bas.

La perspective des parcours de vie permet à la chercheuse de mettre en rapport les trajectoires migratoires, professionnelles, familiales et de santé, et d’analyser leurs interactions avec la réalité institutionnelle du pays hôte. Elle conduit à s’intéresser au contexte historique et social de ces biographies (les épisodes xénophobes ont laissé des traces…), à leur temporalité et à la manière dont les valeurs et les normes sociales ont été internalisées (ou pas) par des individus pris entre différents référentiels. La recherche de Laure Kaeser montre ainsi que la notion de vieillissement actif possède une forte connotation ethno-centrée et correspond avant tout aux sujets les plus favorisés culturellement, socialement et économiquement. Et puisque les rapports de domination sont présents, les questions de l’articulation de l’origine et de l’âge avec le genre se posent également à la chercheuse, qui perçoit d’importantes différences hommes-femmes dans les contraintes et les opportunités de cette génération.

Qu’est-ce que l’activité ?

« Un homme qui passe sa journée devant la télé au lieu de s’activer est-il fatigué ? souffrant ? isolé ? A l’inverse, celui qui préfère bricoler ou aller au bistrot cherche-t-il à s’occuper ou à s’extraire de la sphère domestique dont il se sentirait "chassé" par sa femme ? Et aurait-il le même genre d’occupation s’il avait les moyens de voyager ? Est-ce que cela a du sens d’inciter les migrants à la randonnée si cela n’a jamais fait partie de leur pratique avant la retraite ? », se demandait Laure Kaeser lors d’un entretien à quelques jours de la défense de sa thèse pour illustrer quelques stéréotypes sur l’(in)activité des migrants.

Une des richesses de son manuscrit tient dans la réflexion qu’elle mène dans sa conclusion sur le rôle et la responsabilité du milieu académique. Les difficultés rencontrées par VLV pour rassembler des participant-e-s issu-e-s de la migration forment un chapitre entier de sa thèse, et ne sont pas étrangères à ce questionnement. Car de nombreux migrants ont montré une certaine tendance à se méfier des personnes mandatées pour collecter les données de l’enquête, assimilées à des agents de l’Etat. Et de fait, selon la chercheuse, le risque existe que la recherche soit instrumentalisée et génératrice d’injonctions normatives. D’une vision holistique du vieillissement actif, on a vite fait de glisser vers une vision productiviste visant seulement à réaliser des économies…

Laure Kaeser affirme adhérer quant à elle à une posture de chercheuse impliquée dans la cité, soucieuse de « faire entrer dans le débat public les conquêtes de la science » et de donner « la parole aux gens sans parole », à travers notamment des arènes discursives qui intègrent l’ensemble des personnes âgées.

Pour un vieillissement démocratique

A la fin de sa réflexion, elle évoque plusieurs pistes pour sortir de l’ambivalence d’un vieillissement actif voulu comme émancipateur mais pourtant contraignant : plusieurs concernent des idées déjà avancées ailleurs en faveur d’un système plus égalitaire de pensions. Elle appelle surtout à favoriser « un vieillissement démocratique qui offre la place à des formes plurielles de vieillissement et porte comme idéal de société la démocratisation de l’accès aux capitaux économique, culturel et social tout au long du parcours de vie ».

Sa thèse se termine par ces mots: « La force de la communauté se mesure au bien-être du plus faible de ses membres ». Un retour aux fondamentaux, puisque cette idée forte est tout simplement le préambule de la Constitution suisse…

Commentaires du jury

Lors de sa défense, les membres du jury ont relevé « l’engagement réfléchi de la chercheuse dans son travail, sa capacité à prendre en compte les critiques pour améliorer sa discussion conclusive, le talent avec lequel elle a défendu ses vues, ainsi que son aptitude à mobiliser des collaborations », rapporte un de ses directeurs de thèse, le Prof. Michel Oris.

A travers cette recherche, Laure Kaeser a en effet su tirer le meilleur parti du réseau LIVES. En témoignent son appui sur le travail collectif qu’a été l’enquête VLV, sa construction théorique faisant place à une certaine interdisciplinarité, et surtout la co-écriture de plusieurs articles avec d’autres jeunes chercheurs dont les compétences théoriques et méthodologiques lui ont été précieuses, souligne-t-elle.

Ayant ajouté à son travail de doctorat un DAS (Diploma of Advanced Studies) en administration publique, elle est maintenant armée pour jouer son rôle dans la cité. Elle a entamé il y a un mois pour le Canton de Vaud une étude exploratoire sur le parcours des personnes bénéficiaires de l’aide sociale.

>> Kaeser, Laure (2015). Personnes âgées issues de la migration et vieilissement actif. Interroger les normes contemporaines du veillissement au prisme des parcours de vie. Sous la direction de Claudio Bolzman et Michel Oris. Université de Genève.

Syriens, Roumains, Erythréens… Une "Bibliothèque humaine" pour lire en eux comme dans un livre ouvert

Syriens, Roumains, Erythréens… Une "Bibliothèque humaine" pour lire en eux comme dans un livre ouvert

Au cours de la Semaine contre le racisme organisée du 21 au 28 mars 2015 dans plusieurs villes de Suisse et notamment du Valais, vingt-sept parcours de vie ayant un fort rapport avec la migration se dévoileront au public sur le mode de la confidence. Une chercheuse LIVES d’origine roumaine a décidé de se prêter au jeu.

Souvenirs de mondes qui n’existent plus, déchirures, secrets, histoires d’amours impossibles et de retrouvailles, rencontres, destruction et reconstruction : comment partager ces expériences autrement qu’en tête-à-tête ? C’est là toute la magie de la Bibliothèque humaine, un concept inventé au Danemark il y a une quinzaine d’année et qui est reproduit depuis 2013 à chaque Semaine valaisanne contre le racisme avec la coordination de la comédienne Rita Gay.

L’idée est de passer une demi-heure, ou plus si entente, seul-e avec une personne transformée en « livre humain » qui vous entraîne sur les pas de sa propre histoire. A la fin du récit, le dialogue peut s’ouvrir – ou pas. L’oralité et la spontanéité sont reines. Cette année à Sion, Martigny, Monthey et Sierre, les conteurs et les conteuses seront originaires de quasiment tous les continents.

Née en 1979 sous le régime de Ceausescu et travaillant maintenant comme chercheuse au Pôle de recherche national LIVES, Oana Ciobanu racontera sa trajectoire qui l’a emmenée de Bucarest à Genève en passant par plusieurs étapes comme Budapest, Hambourg, Edinbourg et Lisbonne. « Mais ce n’est pas la séquence des villes qui compte, c’est surtout ce qui s’est passé dans ces villes, les personnes que j’ai rencontrées, comment j’ai vécu chaque endroit et l’héritage que chaque ville a laissé dans mon histoire. (…) Ma migration m’a appris à rêver à quelque chose de plus », note la sociologue dans le programme de la Bibliothèque humaine.

Spécialiste des migrations internationales et des populations âgées, Oana Ciobanu a été séduite par le projet, qu’elle compare à « un retour à une culture orale des sociétés traditionnelles, où la sagesse, les coutumes, les connaissances et l’histoire se transmettaient à travers la narration. »

Elle-même a d’ailleurs utilisé l’analyse narrative dans son travail de thèse. Un intérêt que la chercheuse explique ainsi : « La complexité de la narration réside dans ce que l’on choisit de dire et en même temps d’omettre, dans la façon dont l’histoire se construit par rapport à notre interprétation de l’autre, notre auditeur. Et la construction d’une histoire ne doit pas forcément correspondre au parcours réel d’une vie, mais surtout à notre besoin de se rappeler, de souligner, de mettre en évidence notre histoire subjective. L’écoute active de la vie d’un autre a pour but de nous rapprocher, nous faire oublier que nous sommes des migrants et des natifs, que l’on soit de la première, deuxième ou troisième génération en Suisse. Finalement nous sommes simplement des personnes riches de leur histoire de vie »…

>> Programme complet de la Bibliothèque humaine

  • 24 mars à Sion entre 17h00 et 22h00
  • 25 mars à Martigny entre 16h30 et 21h30
  • 26 mars à Monthey entre 16h00 et 21h00
  • 28 mars à Sierre entre 14h00 et 19h00

 >> Réservations

>> www.semainecontreleracisme.ch