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Aux Mystères de l'UNIL, LIVES joue avec la différence entre sondage commercial et enquête scientifique

Les portes ouvertes de l’Université de Lausanne auront lieu du 22 au 25 mai 2014. Lors de cet événement destiné principalement aux jeunes de 9 à 13 ans, le Pôle de recherche national LIVES tiendra le stand No 12, intitulé « Je suis d’humeur changeante ».

« TKITOI ? » T’es qui, toi ? Avec ce slogan et sur le thème de l’aventure intérieure, l’Université de Lausanne invite les enfants, en classe ou en famille, à découvrir qui ils sont lors des prochains Mystères de l’UNIL, manifestation annuelle où laboratoires et instituts de recherche présentent une partie de leurs activités sur un mode ludique.

Vingt-cinq ateliers jalonneront le parcours, dont celui du Pôle de recherche national LIVES au stand No 12. Les enfants seront appelés à faire la distinction entre un sondage commercial et une enquête scientifique, puis se transformeront en chercheurs pour sonder leurs camarades ou leurs proches sur les événements positifs et négatifs qui peuvent survenir au cours de l’existence dans différents domaines de la vie.

Le PRN LIVES est parti du constat que les enquêtes par téléphone sont de plus en plus difficiles à mener, car les gens sont constamment sollicités à la maison par des appels commerciaux. A l’heure où les enfants font leurs devoirs ou quand la famille se met à table, il n’est pas rare d’entendre le téléphone sonner, et les parents excédés répondre qu’ils n’ont pas le temps.

Des sondages à but scientifique

Or tous les sondages n’ont pas pour vocation de mener une étude de marché pour vendre des assurances ou des boissons gazeuses. Le Pôle de recherche national LIVES conduit par exemple plusieurs enquêtes basées sur de larges échantillons de population en Suisse afin de mieux comprendre les processus qui entraînent de la vulnérabilité, ainsi que les ressources que les gens mobilisent pour la surmonter. Ces études doivent contribuer à faire évoluer les politiques sociales en fonction des nouveaux besoins qui apparaissent.

Du mercredi 22 au dimanche 25 mai, une dizaine de chercheurs et chercheuses du PRN LIVES, principalement sociologues et psychologues sociaux, se relayeront pour animer l’activité avec l’aide de deux étudiantes en sciences sociales et politiques. Passez nous voir !

 

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« Des phases de repos et de détente jalonnant toute l’existence sont désormais nécessaires »

Au cours du colloque national « Moins considéré au-delà de 80 ans ? » organisé le 15 mai 2014 par Pro Senectute avec 500 spécialistes issus de la gérontologie, des milieux politiques, économiques et des médias, le Prof. François Höpflinger, membre de l'IP12 du PRN LIVES, a appelé à réorganiser la société de longue vie, réaménager les relations intergénérationnelles et ne pas combattre à tout prix la vieillesse.

« Le débat autour du vieillissement se focalise trop sur les coûts liés aux soins et aux rentes. On occulte souvent ce que pensent les principaux intéressés et ce qui fait toute la valeur du grand âge », a résumé l’organisation Pro Senectute au terme de son colloque national du 15 mai à Bienne (voir le communiqué de presse).

Une des conférences a été donnée par le Prof. François Höpflinger, membre de l’IP12 du Pôle de recherche national LIVES, qui a relevé les points suivants, résumés sur le site internet de Pro Senectute :

Coexistence travail / repos

« Une société de longue vie doit être réorganisée, et passer de la succession de la formation, du travail rémunéré et de la retraite, à une coexistence (à vie) de la formation/apprentissage, du travail (rémunéré/non rémunéré) et des phases de repos. La structure globale actuelle – formation durant les jeunes années, travail rémunéré stressant vers le milieu de vie et retraite lors de la vieillesse (parfois forcée) – ne correspond plus aux attentes existentielles d’aujourd’hui. Une formation continue, une activité tout au long de la vie (organisée en tenant compte de l’âge) et des phases de repos et de détente jalonnant toute l’existence sont désormais nécessaires.

Relations intergénérationnelles

Une espérance de vie élevée exige un réaménagement des relations intergénérationnelles (dans la famille et en dehors de la famille), afin de réunir, au sein de la société, toutes les générations à travers la solidarité. Longévité et solidarité intergénérationnelle – des jeunes envers les aînés et des aînés envers les jeunes – sont étroitement liées. Sur le plan intergénérationnel, la longévité se traduit par la survenue d’une nouvelle question sociale pour les générations à venir: hériter ou prendre soin. Parallèlement, une société comprenant quatre générations exige un apprentissage transgénérationnel ciblé (les jeunes apprennent des aînés et les aînés apprennent des plus jeunes).

En fin de compte, une société de longue vie exige des développements durables, ne serait ce que sur les plans écologique, social et économique, afin de bénéficier longtemps d’une bonne qualité de vie. Cela vaut également pour les systèmes de retraite, les soins de santé, et d’autres formes de politique sociale: la longévité et une politique sociale favorisant les bonnes relations intergénérationnelles sont liées.

Dignité et civilisation

Une société de longue vie – avec son nombre croissant de personnes âgées et très âgées – doit aussi reconnaître les limites de la vie: les personnes âgées en fin de vie ou atteintes de démence doivent être soignées et traitées avec dignité, et il ne faut pas essayer d’évincer ou de combattre à tout prix sa propre vieillesse. Le degré de civilisation d’une société se mesure à la manière dont elle traite les personnes en situations extrêmes. »

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La timide introduction des congés parentaux en Suisse souligne l’ampleur des inégalités de genre

Dans une thèse défendue le 17 mars 2014 à l’Université de Lausanne, Isabel Valarino s’est penchée sur les discours précédant et accompagnant l’avancée du congé parental et du congé paternité. Son analyse est enrichie par une étude de cas sur la Ville de Lausanne. La chercheuse démontre que les besoins des employés et de leur famille tendent à s'adapter à ceux de l’employeur et de l’économie. Alors que la maternité est considérée comme une responsabilité intensive et contraignante, la paternité demeure perçue comme un engagement flexible et optionnel.

En quoi l’émergence des congés parentaux modifie-t-elle les pratiques et les représentations de la parentalité en Suisse ? Isabel Valarino vient d’obtenir son doctorat dans le cadre de l’IP6 du Pôle de recherche national LIVES en montrant d’une part que la différenciation entre maternité et paternité reste rarement remise en question, et d’autre part que les aspects économiques dominent, tant dans les débats que dans la pratique.

« Je n’ai jamais vu quelqu’un faire autant de travail pour une thèse », a déclaré lors de la défense une des membres du jury, la professeure de sociologie et d’études genre Linda Haas de l’Université Purdue d’Indianapolis. « Elle est innovante dans plusieurs disciplines et la première à montrer de telles interactions entre différents niveaux », a renchéri Gerda Neyer, professeure de démographie et spécialiste des politiques familiales à l’Université de Stockholm. Les autres membres du jury étaient la Prof. Nicky Le Feuvre (UNIL), cheffe de l’IP6, et la Prof. Laura Bernardi (UNIL), vice-directrice du PRN LIVES et directrice de thèse.

Intérêt croissant mais pratique peu répandue

En Suisse, la question des congés paternité et parental a vu son intérêt croître depuis la mise en œuvre de l’assurance maternité en 2005. A ce jour, la grande majorité des travailleurs masculins dispose d’un jour de congé accordé par l’employeur à la naissance d’un enfant, mais seule une minorité bénéficie d’un droit s’étendant à quelques semaines. Ceci constitue une exception en comparaison européenne.

Isabel Valarino a effectué des analyses de contenu et de discours sur les propositions parlementaires concernant ce thème entre 1998 et 2011, ainsi que sur des articles de presse liés à la question. Elle a complété sa recherche avec une étude de cas sur les employés de la Ville de Lausanne, qui depuis 2010 octroie aux nouveaux pères 21 jours de congé à prendre dans les douze mois suivant la naissance de leur enfant. Les données de registre lui ont permis d’analyser statistiquement les 95 cas de collaborateurs concernés par ce droit de 2010 à 2012. Elle a également interviewé 22 hommes parmi ceux qui en ont fait usage, ainsi que 8 cadres confrontés à de telles situations dans leur équipe.

L’intérêt des employeurs avant tout

Ses observations montrent que les représentations et les pratiques de la parentalité évoluent, mais demeurent fortement imprégnées par des divisions de genre et par le poids des aspects économiques. « Avec le congé paternité, les pères s’investissent davantage auprès de leurs enfants. Mais ils anticipent souvent les demandes de leur employeur afin de ne pas perturber le fonctionnement de l’entreprise. Et le partage des tâches avec leur partenaire reste inégalitaire », explique Isabel Valarino.

La chercheuse a relevé que dans l’administration lausannoise, la moitié seulement des nouveaux pères ont pris l’intégralité des jours de congé auxquels ils avaient droit. La plupart ont en outre repoussé une grande partie de leurs vacances. Seuls 13% des hommes de son échantillon ont cumulé l’ensemble des deux types de congé pendant une même année. Les collaborateurs à haut niveau de responsabilité, ceux travaillant à temps partiel et dans un environnement féminin ou mixte, ainsi qu’une partie de ceux avec peu d’ancienneté ont davantage tendance à renoncer à une part de leurs congés, ce qui souligne l’influence du contexte professionnel sur l’utilisation du congé paternité. La plupart des supérieurs hiérarchiques interrogés ont confirmé qu’ils estimaient que les intérêts du service primaient dans les négociations à propos des dates de prise de congé.

Rôle central de la mère

Grâce à ses entretiens avec les jeunes pères, Isabel Valarino a pu identifier plusieurs fonctions du congé paternité. Les notions de soutien à la mère et de prise en charge de l’intendance sont très valorisées. Les soins aux enfants également, mais se muent souvent en garde des aînés. « Tous ont déclaré que le rôle central auprès du nouveau né restait celui de la mère », relève la chercheuse, qui a constaté que c’est en prenant leurs jours de congé de manière étalée après le retour de leur partenaire au travail que les hommes changeaient de rôle: « C’est en se retrouvant seuls avec le bébé qu’ils réalisent vraiment ce que cela implique… »

Malgré les nuances observées, la chercheuse estime tout de même que des changements s’opèrent. Prendre un congé paternité permet notamment d’imposer son statut de père face à l’environnement professionnel, de prendre de la distance avec le travail et de modifier les attentes. Et même si le principe d’un congé paternité inscrit dans la loi fédérale n’est toujours pas à l’ordre du jour, pour des raisons de financement et de vision toujours très genrée du partage des tâches entre hommes et femmes, « les catégories de pensée évoluent », déclare-t-elle.

C’est dans cette optique qu’en plus de sa thèse, Isabel Valarino a rédigé un rapport destiné à la Ville de Lausanne, où elle fait part en détail de ses constats et émet quelques propositions pour améliorer la mise en œuvre du congé paternité.

Prochaine étape : les pères en congé sans leur partenaire

Et afin de continuer sa réflexion sur l’évolution des pratiques et des représentations à travers les congés parentaux, elle poursuit désormais sa recherche sur les pères qui ont pris un congé d’au moins un mois à plein temps pour s'occuper seul de leur(s) enfant(s), étude menée dans le cadre du projet « Fathers on Leave Alone » du réseau International Network on Leave Policies & Research, pour laquelle elle recherche actuellement des participants.

 

Un trio de danseuses remporte le prix LIVES au concours de courts-métrages Haut & Court

Les trois réalisatrices, Laura Gaillard, Diane Stierli et Audrey Clavadetscher, sont elles-mêmes les performeuses dans le mini film « Life’s dancing me » qui a été choisi par le jury du Pôle de recherche national LIVES comme exprimant mieux le thème "Bifurcations" lors du festival Fécule des cultures universitaires UNIL-EPFL le 7 mai 2014.

Un couloir en sous-sol, des ramifications, puis la ville et sa circulation, ses obstacles et ses points d’appui : c’est dans ce décor très urbain que le collectif « Aeris Danse » évolue avec rythme et grâce dans le mini film lauréat du concours Haut & Court 2014, organisé par les ciné-clubs UNIL-EPFL dans le cadre du festival Fécule et parrainé par le PRN LIVES pour la catégorie « compétition officielle ».

Dans cette œuvre de 5,58 minutes, les trois danseuses-réalisatrices montrent « la variété des chemins possibles et des expériences vécues, avec des phases de transition et de transformation. Ce qui nous a intéressés, c’est le fait que dans ce film les parcours féminins semblent beaucoup moins linéaires que la trajectoire du personnage masculin. C’est exactement ce qu’on constate dans la recherche sur les parcours de vie », explique Nadia Girardin, qui faisait partie du jury LIVES avec Laura Bernardi et Jean-Marie Le Goff.

Laura Gaillard, Diane Stierli et Audrey Clavadetscher se sont vu remettre un chèque de 600 francs au terme de la soirée de projection à la Grange de Dorigny, où concouraient 12 films pour la compétition officielle sur le thème « Bifurcations », et 12 films pour la compétition à thème libre.

Dans le cadre de la compétition officielle, un jury composé de professionnels du cinéma a remis un autre prix de 600 francs récompensant les qualités cinématographiques d’un autre court-métrage, toujours sur le thème « Bifurcation ». Ce prix est allé à Désorientation Professionnelle de Julien Rusconi et Julien Bono (voir le film - mot de passe: hautetcourt2014).

Le deuxième et le troisième prix de la compétition officielle, choisis en concertation entre le jury LIVES et le jury professionnel et d’une valeur de 50 francs chacun, ont récompensé Scarlett de Elie Auseessen et En Suspens de Laura Terminio.

Le jury professionnel a en outre décerné trois prix dans la catégorie « thème libre » : Winter de Jeremy Rider a remporté le premier prix d’une valeurs de 300 francs. Le deuxième prix et le troisième prix, dotés de 50 francs, sont allés à L'intru de Bambi Gore Project et The White Stones de Nino Fournier.

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Un forum vaudois pour favoriser l’intégration des seniors dans les communes

Entre mai et octobre 2014, des spécialistes du vieillissement vont intervenir lors de trois événements régionaux réunissant les acteurs locaux des politiques sociales sur la question du troisième âge. Le premier se déroulera le mercredi 7 mai à Gland avec les communes de l’Ouest vaudois, en présence du Prof. Dario Spini. Objectif : améliorer la qualité de vie des jeunes retraités, une tranche d’âge en forte augmentation, jouissant souvent d’une bonne santé et de beaucoup de temps libre.

Répondant à un postulat du député vaudois Filip Uffer, par ailleurs directeur de Pro Senectute Vaud, le Département vaudois de la santé et de l’action sociale, via son Service des assurances sociales et de l’hébergement (SASH), organise une série de forums visant à sensibiliser les autorités des communes aux enjeux du vieillissement de leur population et au besoin d’agir en faveur de l’intégration sociale et de la qualité de vie des plus de 65 ans.

Trois événements sont prévus, en collaboration avec l’Union des communes vaudoises (UCV) et l’Association de communes vaudoises (AdCV) : le 7 mai à Gland pour l’Ouest vaudois, le 11 juin à Grandson pour le Nord vaudois et le 2 octobre à Pully concernant l’Est vaudois, la région lausannoise et les villes de plus de 6000 habitants. Sur plus de 300 communes dans le canton, plus du tiers ont annoncé qu’elles enverraient un-e représentant-e, en général un-e municipal-e des affaires sociales ou un-e chef-fe de service, se réjouit Jorge Guimera, chef de projets au SASH.

Enjeux démographiques et sociaux

Lors du premier forum, le Prof. Dario Spini, directeur du Pôle de recherche national LIVES, donnera une conférence intitulée « Diversité de la population âgée et action locale ». La fois suivante, la tâche de mettre en lumière les enjeux démographiques et sociaux concernant l'évolution prévue de la population âgée incombera au Prof. Christian Lalive d’Epinay, fondateur du Centre interfacultaire de gérontologie de l’Université de Genève. La Prof. Valérie Hugentobler, autre spécialiste du vieillissement à la Haute école de travail social et de la santé Vaud – EESP Lausanne, assurera l’exposé de la troisième date. Les trois chercheurs seront également chargés d’assurer la synthèse à la clôture du forum.

A chaque fois, quelques exemples d’actions et d’expériences réalisées dans des communes de la région seront présentés par des associations actives auprès des seniors. Pour l’événement du 7 mai, il s’agira de Quartiers Solidaires (Pro Senectute Gland), Livres à vous (Mouvement des aînés et Bibliothèque municipale de Lausanne), Entraide familiale vaudoise et Réseau 4S (St-Sulpice). S’ensuivront des ateliers d'échange et de discussion sur les besoins et les ressources des communes en lien avec leur population de seniors.

Capital de connaissances et d'expériences

Dans le canton de Vaud, « 8000 personnes parviennent chaque année en âge de retraite. Elles jouissent généralement d’une bonne santé, disposent de temps disponible et bénéficient d’un important capital de connaissances et d’expériences. Elles sont souvent désireuses de mettre à profit leurs disponibilités et leurs compétences en s’engageant en faveur de la communauté, dans des activités d’utilité sociale », disait Filip Uffer dans son postulat.

Permettre aux aînés de participer davantage à la vie locale ferait donc d’une pierre deux coups : reconnaître leur besoin d’intégration une fois la vie professionnelle derrière, et mettre leur dynamisme au service des autres, et notamment des plus fragiles, par exemple les personnes du 4e âge, quand commence la vraie vieillesse.