Photo Hugues Siegenthaler

Vers une meilleure compréhension des inégalités en matière de santé

Trois membres de LIVES participent du 29 août au 1er septembre 2012 à un congrès international de sociologie de la santé à Hanovre. Deux doctorants y présenteront leurs travaux.

Dans le cadre du congrès «Inégalités en matière de santé dans les parcours de vie» organisé par la European Society for Health and Medical Sociology (ESHMS) et la Deutsche Gesellschaft für Medizinische Soziologie (DGMS), une session est organisée par des membres du Pôle de recherche national LIVES.

Intitulée «Trajectoires de santé et cumul des (dés)avantages à l’âge adulte», cette session est animée par Claudine Burton-Jeangros, professeur de sociologie à l’Université de Genève et cheffe de l’IP10, ainsi que Stéphane Cullati et Alexis Gabadinho, doctorants dans le même projet.

Les deux doctorants y présentent leurs travaux. Stéphane Cullati développe une analyse conjointe des trajectoires de santé auto-rapportée et des trajectoires d'épuisement lié au travail, ceci dans un échantillon de 2327 actifs du Panel suisse de ménages entre 2004-2010, dans le but d'examiner les effets cumulatifs. La présentation d'Alexis Gabadinho porte sur l'analyse de séquences dans les trajectoires de santé.

http://www.eshms-dgms-2012.de/Eindex.html

Photo © Jacek Chabraszewski - fotolia.com

Enquête sur les multiples visages de la monoparentalité en Suisse

Des chercheurs de LIVES ont démarré en juillet 2012 une étude qualitative sur une réalité devenue courante mais encore peu analysée. Sur la base d’une quarantaine d’entretiens, l’équipe composée de deux sociologues et d’une démographe entend remettre en question quelques clichés sur les mères et les pères célibataires.

Dans une ville comme Genève, un foyer sur cinq est composé d’un parent sans partenaire face à un ou plusieurs enfants. «Il ne s’agit pas que de mères seules misérables et déprimées», avance Cornelia Hummel, maître d’enseignement et de recherche au Département de sociologie de l’Université de Genève et chercheuse au Pôle de recherche national LIVES. «A l’inverse, il est possible de connaître une véritable précarité en disposant d’une formation supérieure», complète son collègue Nasser Tafferant, chercheur senior à l’Université de Lausanne.

Cette hétérogénéité de situations est apparue dès les premiers entretiens que les deux sociologues ont menés depuis le mois de juillet 2012, prémisses d’une étude qui se poursuivra jusqu’à la mi 2013, en collaboration avec la professeure en démographie et parcours de vie Laura Bernardi, vice-directrice du PRN LIVES.

Stigmatisation

L’équipe s’intéresse non seulement aux conditions objectives et matérielles de la monoparentalité au quotidien, mais également aux représentations liées à ce statut, qu’il soit choisi ou subi. Lors des interviews, les chercheurs abordent l’histoire du couple et de sa séparation, le rôle de l’ex-conjoint-e dans l’éducation des enfants, les attentes envers l’entourage et la société, l’attitude face au célibat. «Certaines mamans élevant seules leurs enfants nous ont fait part d’un sentiment de stigmatisation qui les accable, soit au travers d’institutions, soit dans le voisinage», notent les sociologues.

Si l’échec du projet de couple semble affecter la majorité des personnes déjà interrogées, certaines femmes ne manquent pas de relever le surplus de liberté et de vie sociale que la séparation a entraîné, pour autant que le père assume une partie de la garde. Des pères qui peuvent même parfois être «envahissants», à force de vouloir s’impliquer, mentionnent certaines… Autant de déclarations allant à l’encontre de l’idée reçue selon laquelle monoparentalité signifie isolement.

Mais en creusant un peu, on s’aperçoit que ces familles modernes conservent des traces de division genrée du travail domestique: garde alternée ne signifie pas toujours lessive alternée, et bien des enfants reviennent de chez papa la valise chargée de linge sale.

Et les enfants dans tout ça? «Les parents de familles monoparentales sont soumis en permanence à des questions sur l’état psychologique de leur(s) enfant(s). Nous n’insistons donc pas trop sur ce point. Les gens ont déjà suffisamment tendance à nous confondre avec des psychologues et nous ne sommes pas là pour ça», explique Cornelia Hummel. Les chercheurs tentent davantage de percer l’homme ou la femme qui existe sous le rôle de père ou de mère, comment cette identité évolue, et comment le réseau qui l’entoure se modifie.

«Pas des victimes»

Dans bien des cas, les chercheurs ont constaté à quel point la vulnérabilité ressentie par les personnes interrogées pouvait être construite par le regard des autres. Sans nier le manque de ressources – en argent ou en temps – qui pèse sur bien des familles monoparentales, l’équipe a surtout été frappée par le courage et la dignité de ces parents qui assument leur état et évitent au maximum de peser sur la communauté en sollicitant de l’aide. Comme le relève Nasser Tafferant, «il y a chez beaucoup des femmes que nous avons entendues une lutte symbolique pour l’autonomie et la reconnaissance de leur statut. Elles ne veulent pas apparaître comme des victimes».

L’équipe espère suivre les familles rencontrées sur la durée afin d'observer leur évolution. Les personnes qui seront d’accord pourront même être intégrées à l’échantillon de la future vague du Panel suisse de ménages qui récolte des données longitudinales sur différents types de foyers en Suisse.

Photo Félix Imhof

LIVES au cœur du 6e Congrès des recherches féministes francophones à Lausanne

Plusieurs chercheuses et chercheurs du Pôle de recherche national LIVES participent activement à ce grand rassemblement qui se tient du 29 août au 2 septembre 2012, quatre ans après la dernière édition à Rabat (Maroc).

Plus de 600 participants affluent à Lausanne du mercredi 29 août au dimanche 2 septembre 2012 pour le 6e Congrès des recherches féministes francophones. Trois chercheuses du PRN LIVES font partie du comité organisateur et six autres membres de LIVES y contribuent, à travers des communications et la présidence de quelques sessions.

Le comité organisateur est composé de 13 personnes issues du Centre en Etudes Genre LIEGE de l’Université de Lausanne et du Laboratoire Interuniversitaire en Études Genre de la Haute école spécialisée de Suisse occidentale (LIEGE HES·SO) basé à Genève. Du côté lausannois, trois membres du PRN LIVES sont à signaler: Nicky Le Feuvre et Farinaz Fassa, professeures, ainsi que Lavinia Gianettoni, maître d’enseignement et de recherche, toutes actives dans le projet 6, «Vulnérabilité à l'interface de la vie familiale et professionnelle: Différences entre les genres et les professions».

La responsable de ce projet, Nicky le Feuvre, a déjà participé à trois éditions du Congrès des recherches féministes francophones, dont celle de Toulouse en 2002, où elle avait déjà été active dans le comité d’organisation : «Je m'étais dit à l'époque que c'était bien d'avoir fait cela au moins une fois dans sa vie, mais que c'était quand même épuisant; jamais je n'aurais imaginé être impliquée à nouveau dans cette aventure!»

Car la tâche du comité organisateur représente un énorme investissement qu'il faut maintenir dans la durée : «Nous y sommes depuis plus de 18 mois, avec des réunions hebdomadaires depuis un an et un rythme quasiment quotidien depuis le début de l'été, sans parler de l'avalanche de courriels. Mais c'est aussi une aventure collective formidable. On a beaucoup stressé, mais on a beaucoup ri aussi! Je pense que nous pouvons être fières du résultat obtenu», estime Nicky Le Feuvre.

Avancer dans l'analyse de "l'intersectionnalité"

Selon la professeure, le thème de ce 6e congrès, «Imbrication des rapports de pouvoir : discriminations et privilèges de genre, de race, de classe et de sexualité» s’est imposé tout naturellement, car la question de l'interconnexion des différents rapports de pouvoir constitue le coeur des études genre un peu partout dans le monde en ce moment : «Nous voulions profiter de la présence de toutes ces collègues spécialistes du genre pour vraiment avancer dans l'analyse de "l'intersectionnalité". Si l’on en juge par le nombre de propositions de communications reçues, ce thème a effectivement trouvé un large écho auprès de la communauté scientifique.»

Ce programme impressionnant de 26 ateliers thématiques, 10 tables rondes et 8 conférences plénières comprend quelque 400 communications, soit environ 550 auteurs et co-auteurs. S’agissant des membres de LIVES, Jacques-Antoine Gauthier et Dominique Joye présentent deux papiers avec Lavinia Gianettoni (déjà citée comme membre du comité organisateur) : Les aspirations professionnelles des adolescent-e-s en Suisse : Une interaction entre genre, classe sociale et origine nationale et Les aspirations professionnelles des filles et des garçons : entre idéologies sexistes des enseignant-e-s et origine sociale des élèves. Ces deux présentations s’inscrivent dans le cadre de la recherche menée au sein du programme national de recherche PNR 60 "Egalités entre hommes et femmes", et plus précisément son projet "Aspirations professionnelles des garçons et filles en fin de scolarité obligatoire", pour lequel les chercheurs ont mené une enquête auprès d'environ 3500 élèves et de leurs enseignants principaux dans trois degrés du secondaire I des cantons de Berne francophone, Genève, Vaud et Tessin.

Dans le même atelier, Farinaz Fassa présente Le sexisme, c’est les autres, et dans un autre atelier du congrès, Isabelle Zinn présente la recherche qu’elle mène en tant que doctorante dans l’IP6 : L’imbrication du sexe, du genre et de l’orientation sexuelle dans l’étude des «masculinités» au travail : le cas des fleuristes et des bouchers/ères, et Pierre Bataille, lui aussi doctorant à l’IP6, présente Charge, stigmate, atout ou rente ? Genre, capital culturel et usages sociaux des titres de noblesse scolaire sur le marché du travail. Le cas des ancien-ne-s élèves des ENS de Fontenay, Saint-Cloud et Lyon (1981-1987).

Enfin la doctorante Anne Perriard présente en collaboration avec le professeur Jean-Pierre Tabin, tous deux membres de l'IP5 et chercheurs à la Haute école de travail social et de la santé - EESP Lausanne, L’investissement social, nouveau mode de (re)production de la domination masculine.

Autant de thèmes dans le coeur de cible du congrès. Car comme le rappelle Nicky Le Feuvre, il serait faux de penser que les inégalités de sexe n'existent quasiment plus dans nos sociétés occidentales "éclairées" par 40 ans de féminisme : «Les gens veulent bien admettre que les femmes subissent encore des discriminations, mais seulement dans des "ailleurs" lointains! L'enjeu consiste donc à montrer les nouvelles formes, parfois moins visibles ou plus complexes, que les inégalités prennent en Occident aujourd'hui.»

Programme complet : http://www3.unil.ch/wpmu/rff2012/ateliers/

Sessions impliquant des membres de LIVES :

Atelier 7. Imbrication des rapports de pouvoir dans l’éducation

Responsables de l’atelier:  FASSA Farinaz, GIANETTONI Lavinia, PERRY Véronique

Session 1: Mercredi 29.08.2012 16h30-18h00
Orientation professionnelle
Présidence : GIANETTONI Lavinia

CARVALHO ARRUDA Carolina, GAUTHIER Jacques-Antoine, GIANETTONI Lavinia, GUILLEY Edith, ISSAIEVA MOUBARAK-NAHRA Elisabeth, JOYE Dominique & MUELLER Karin
Les aspirations professionnelles des adolescent-e-s en Suisse : Une interaction entre genre, classe sociale et origine nationale

Session 6: Samedi 01.09.2012 16h30-18h00
Pratiques des prof. et doing gender
Présidence : STORARI Chiara

FASSA Farinaz & STORARI Chiara
Le sexisme, c’est les autres

ISSAIEVA MOUBARAK-NAHRA Elisabeth, GUILLEY Edith, GIANETTONI Lavinia, GAUTHIER Jacques-Antoine, JOYE Dominique, CARVALHO ARRUDA Carolina & MUELLER Karin
Les aspirations professionnelles des filles et des garçons : entre idéologies sexistes des enseignant-e-s et origine sociale des élèves

Atelier 19. Groupes professionnels, métiers et professions

Responsables de l’atelier: JARTY Julie, LAPEYRE Nathalie, LE FEUVRE Nicky, ZINN Isabelle

Session 1: Mercredi 29.08.2012 16h30-18h00
Métiers de service
Présidence : BATAILLE Pierre

ZINN Isabelle
L’imbrication du sexe, du genre et de l’orientation sexuelle dans l’étude des « masculinités » au travail : le cas des fleuristes et des bouchers/ères

Session 6: Samedi 01.09.2012 16h30-18h00
Formations et professions supérieures
Présidence : ZINN Isabelle

BATAILLE Pierre
Charge, stigmate, atout ou rente ? Genre, capital culturel et usages sociaux des titres de noblesse scolaire sur le marché du travail. Le cas des ancien-ne-s élèves des ENS de Fontenay, Saint-Cloud et Lyon (1981-1987)

Atelier 22. Régulation politique des inégalités

Session 3: Jeudi 30.08.2012 16h30-18h00
Etat et politiques publiques II
Présidence : CÔTÉ Denyse

TABIN Jean-Pierre & PERRIARD Anne
L’investissement social, nouveau mode de (re)production de la domination masculine

«40% des femmes universitaires ne font pas d'enfant en Suisse»

A l'occasion du passage de la Suisse au cap des 8 millions d'habitants, le Prof. Michel Oris, Co-directeur du PRN LIVES, historien et démographe, explique l'augmentation de la population par l'immigration et l'allongement de l'espérance de vie, alors que le taux de fécondité ne permet pas le renouvellement complet des générations. Une interview réalisée le 13 août 2012 par Couleur 3, troisième chaîne radio de la RTS.

Pour la deuxième partie de l'interview, cliquer sur la flèche en bas à droite du player.